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130 Troisième Partie.

(Comp. W. 440.)

Et les considérations morales aboutissent là où aboutissaient les considérations sceptiques et pessimistes : dans l’ab.stinence, dans l’ascétisme. Les lèvres couleur de

rubis, la cou] » e de vin, les sons de la cymbale, de la hari)e et de la Hûte, tout cela n’est que de la « bourre >. (W. 45G.) Ta convoitise ressemble parfaitement au chien domestique, au(luel on ne demande que d’aboyer dans le vide. Elle a les qualités <lu renard et donne le sommeil du lièvre ; elle a la férocité du tigre, et elle est comme un loup perfide. (W. 61.)

Nous avons vu que beaucoup des quatrains des Rubâ’iyât ont une teinte plus ou moins accusée de sufisme. Il ne faut })as, il est vrai, se fier à l’extérieur : déjà au temps de’Omar, la terminologie sufique avait commencé à tyranniser la poésie.

Cependant il y a des quatrains dont les idées mêmes s’accordent à celles du sufisme, ce qui n’est pas étonnant, vu que bien des idées sûfiques i)résentent une affinité assez marquée avec celles de toutes les grandes écoles philosophiques du temps.

Quantité de quatrains sont in contestablement mystiques, mais l’authenticité de ceux-ci est spécialement douteuse, parce qu’on a voulu à tout prix considérer ’Omar comme un sûfï. Néanmoins, si nous voyons dans les Rubâiyât l’expression de l’esprit persan, les poésies sûfiques constituent un complément nécessaire aux autres. Le détachement du monde et de la morale bourgeoise : « Diminue ton appétit du monde, afin que tu puisses être content ; romps les chaînes du bien et du mal au monde » i. (W. 191, Bd. 73.)

Si tu cherches Lui, arrache-toi de ta femme et de tes enfante^, arrache-toi bravement de tes désirs et de tes chaînes.

Mantiq-et-taïr v. 686 : « Chacun qui a joué sa vie, est délivré de son être ; sur le chemin qui mène vers l’objet de son amour, il est affranchi du bien et du mal ».

2’Abd-allâh Ansârl : « Celui (jui te connaît, que fera-t —il de la vie ? que fera-t —il d’enfants, d’une famille et d’un chez lui ? »