Page:Recherches sur les Rubāʿiyãt - Arthur Christensen.djvu/136

Cette page n’a pas encore été corrigée

124 Troisième Partie.

Ici comme ailleurs les idées frisent le sufisme’. L’idée de la métempsycose semble ressortir du (juatrain suivant, si l’on suit la lecture de P. : Ceux (jui ornent le ciel pour un fragment de temps, viennent et s’en vont et viennent de nouveau avec le temps. Dans le pan [de la rol)e] du ciel et dans la poche de la terre, il y a des créatures qui renaîtront, jusqu’à ce quelles meurent^ (P. 79, W. 215, Bd. 56.)

(Comj). W. 423.)

La même idée apparaît dans W. 442 qui semble en— même temps exprimer le désir du nirvana : Plût à Dieu qu’il y eut un reposoir, ou qu’enfin nous arrivions au bout de cette marche.

Plût à Dieu qu’après cent mille ans un nouvel espoir pousse comme de la verdure du cœur de la poussière ! D. Piété, résipiscence et morale. Si toute autre chose est illusion, il reste pourtant une réalité : le principe régnant, la force qui met le monde en mouvement, que ce soit le destin méchant et tyrannique, ou l’intelligence universelle et divine. Le poète raille quelque fois, il est vrai, les choses saintes : Bien que je vinsse avec humilité à la mosquée, Dieu sait que je n’y venais pas pour prier :

Un jour j’en dérobai le tapis de prie-Dieu, et quand il fut usé, j’y revins, et ainsi de suite.

(W. 325, Bd. 115.)

1 Manfiq-et-faïr v. 3317—18 :

Pas un instant il (celui qui erre dans la vallée de l’amour mystique ) ne connaît la foi ni l’incrédulité, il ne connaît pas du tout le doute ni la certitude.

Le bien et le mal sont la même chose sur son chemin : quand l’amour arrive, ni l’un ni l’autre n’existent. 2 M. Heron-Allen voit ici une comparaison entre les planètes et les hommes, ce qui me paraît aussi le plus probable. En ce cas la lecture de P. est plus compréhensible que celle des autres textes : « il y a des créatures qui vivront, tant que Dieu ne mourra pas ». Malheu reusement ce manuscrit-là est écrit avec trop peu de soin pour qu’on puisse s’y fier,

Comme nous avons déjà dit, les idées de la métempsycose se trouvent chez Nasir Husrau. Plus tard Galâl-eddïn Rami les a adoptées (v. Horn : Gesch. d. pers. Litteratur p. 163).