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118 Troisième Partie.

A roue du ciel ! tu ne connais ni pain ni sel, tu me rends toujours nu comme un poisson.

J.a roue [du rouet] d’une femme donne des habits à doux personnesainsi la roue d’une fennne est meilleure que toi, û roue du del !

(W. 292.)

Et pourtant la roue du ciel est impuissante elle-même. Si le ciel avait été le maître de sa rotation ; il se serait délivré de ce tournement éternel. (Bd. 154.) Pour ce qu’il y a de bon et de mauvais dans la nature humaine, la joie et la douleur qui dépendent de la destinée et de la providence, n’en rends pas responsable la roue, car dans la voie de l’intelligence, la roue est mille fois plus impuissante que toi. (W. 96, Bd. 41.) Il faut donc s’adresser au créateur lui-même^ C’est toi qui as arrangé les affaires des morts et des vivants, c’est toi qui tiens en main cette roue bouleversée. Si je suis méchant, tu es le maître, et moi je suis l’esclave : à qui la faute ? n’es-tu pas le créateur ? (W. 471.)

Sur mon passage tu dresses des pièges à mille endroits, et tu dis : « Je te tue, si tu y mets le pied ». Pas un seul atome du monde n’est soustrait à ta volonté : tu agis selon ta volonté, et tu m’appelles un rebelle^. (W. 432, Bd. 148.)

(Comp. W. 221 et la variante W. 421.) Le poète trouve souvent des expressions touchantes et délicates de la nullité de lliomme :

de la sphère (litt. roue) céleste, et, lorsque au milieu des jasmins le vin aura été bu, nous raserons jusqu’aux traces des soucis » (traduct. de Kazimirski, Divan no. 69, 3).

Nâsir Husrau : « Comment le ciel te prêtera t-il de la fermeté, quand cette fermeté lui fait défaut à lui-même ? » Mantiqct taïr (v. 147—148) : « Qu’est-ce que la roue céleste, sinon [un être] confus dont le pied s’égare ? Comment saurait-il ce qu’il y a derrière le voile, lui qui pendant tant d’années, sans tète ni fond, tourne im))uissamment autour de cette porte ? > — Comp. dans le Sâhnâme (éd. Mohl V, p. 2Ô2) la réponse de la roue à la plainte du poète. 2 Nâ.^ir Husrau : « A la gazelle tu cries : « ohé, ohé, fuis ! » et au chien tu cries : « taïaut ! » afin qu’il la poursuive » (cité dans le livre de M. E. G. Browne : A Year amongst the Persians p. 480).