Page:Recherches sur les Rubāʿiyãt - Arthur Christensen.djvu/128

Cette page n’a pas encore été corrigée

116 Troisième Partie.

Ironie cruelle de la vie :

Bien (jii’iin joli teint et une odeur agr(’^able me soient donnés, que ma joue soit tomme une tulipe et ma taille comme celle du cyprès,

il n’est pas connu, pourquoi l’artiste qui m’a formel, m’a tellement orné dans ce séjour malheureux de la poussière. (W. 12.)

Nous ne sommes que des jouets dans la main du destin inexorable.

« Quand la plume [de la destinée] s’est avancée [sur le, pa^àer], elle ne retourne pas à cause de toi-. » (W. 257.)

Sois content, car, on a préparé ta portion — hier —, indé pendamment de tous tes désirs — hier. Vis joyeux, car sans égards pour tes demandes — hier ~, on a fixé tes affaires pour demain — hier 3. (W. 489, Bd. 152.)

Et si l’idée de l’inévitable inspire quelquefois une confiance sereine, elle peut éveiller aussi des sentiments d’amertume ou de profonde tristesse.

Personne n’a deviné l’énigme des secrets de l’éternité, personne n’a fait un seul pas au dehors de sa nature. Je regarde le disciple et le maître : l’impuissance est aux mains de tous ceux qui sont mis au monde par une femme. (W. 190, Bd. 72.)

^

Kamal l8mail parle de « l’artiste (^liij) qui a peint cette belle forme ».

  • Afdal Kâsî : « Quand la plume s’est avancée [sur le papier], ce

qui est écrit ne peut pas changer de couleur ». (yTo „i>^ JLï ^xs. jt ’

Nâsir Husrau : « Aucune chose ne va selon notre désir, car jamais il ne nous est accordé de choisir » {Eûsanâlnâme v. 493).

Sa’dl

{Gulistân éd. Gladwin p. 316) : Le sort ne se change pas pour les mille lamentations et soupirs, ni pour les flatteries ou les plaintes qui sortent de nos bouches. L’ange qui est le gardien du magasin des vents, que se soucietil de ce que la lampe d’une veuve soit éteinte’? Comp. ce vers de Pindâr-i Râzi (Daulatsàh éd. Browne p. 43) : Il y a deux jours où on ne doit pas se prémunir contre la mort : c’est le jour où c’est notre destin [de mourir], et le jour où ce n’est pas notre destin.

Le jour où c’est notre destin [de mourir], il est inutile de nous débattre, et le jour où ce n’est pas notre destin, nous ne mourrons pas.