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118 Troisième Partie.

Comme des choses qui embellissent la vie, le chant et la musique figurent à côté du vin. « S’il était convenable de

boire sans chant, le vin ne ferait pas glou-glou en sortant de la bouteille » (W. 301). Belles sont les mélodies du luth, les i)laintes de la harpe et le son de la flûte. Si tu désires les éléments de l’antidote de la douleur, apporte le vin couleur de rubis et le luth aux cordes de soie. (Bd. 88.)

Les deux significations du mot id, « bois d’aloès » et « luth », donnent lieu â un jeu de mots : Remplis la coupe, car le jour commence à poindre, blanc comme la neige. Apprends de ce vin qui est rouge comme le rubis, ce que c’est que la couleur.

Prends deux’ûd pour illuminer notre compagnie : tu joueras de l’un et allumeras l’autre ^ (Bd. 98.)

La nature est célébrée, et par la nature on comprend — ici comme presque partout dans la littérature i)ersane,

le vent

balsamique du printemps, la fraîche verdure et la rose épanouie : Partout où je regarde, de tous côtés, il y a un paradis fait de verdure et de rivières semblables au Kevter. On dirait que d’un enfer la plaine s’est transformée en un paradis : assieds-toi au paradis avec une fille paradisiaque ! (W. 459, Bd. 151.)

La rose dit : « Je suis le Jûsuf égyptien du jardin, ma bouche est un rubis précieux garni d’or ». Je dis : « Si tu es Jusuf, donne m’en un signe ». Elle dit :

« Voici ma chemise trempée de sang » ^. (W. 352.)

Souvent le printemps, le jardin, le ruisseau et le bord du champ ne sont que des accessoires qui servent à mettre 1 Le même bon mot se trouve dans le Sâhnâme de Firdausl dans un passage que tous les éditeurs européens s’accordent à considérer comme une interpolation (éd. Vullers I, p. 294 note 7, v. 1) :

« … Un’ûd à allumer, un’ûd à toucher ». 2 A la quatrième ligne il faut lire -Ki (B, L) au lieu de y^.

Dans un qasïda de Sa’dl (ZDMG. IX, p. 124), la rose est comparée à Jûsuf et le vent matinal à Zaliha (femme de Putiphar), qui en déchire la chemise.