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L’œuvre intitulée « Rubā’iyāt de ’Omar Hayyām ». 93

b) Le mètre. Tandis que les qasīdas, les gazuls, etc. peuvent être composés indifféremment dans tous les mètres arabo-persans, le rubā’t possède un système métrique à lui. La tradition d'après laquelle ce système serait dérivé de la mesure hezeg, est certainement erronée. Le mètre du rubā’t qui a plus de variations qu’aucun autre mètre persan, peut être représenté ainsi : 1[1]

Il est possible que le rubā’t remonte à une époque antérieure à l’introduction de l’islamisme. S’il en est ainsi, il aura été, probablement, plus ou moins modifié sous l’influence de la prosodie arabe. La question sera difficile à résoudre comme nous n’avons pas pour notre guide une seule indication directe ou indirecte. Dans leur grammaire persane, MM. Salemann et Shukovski mentionnent des rubā’ts populaires qui seraient mesurés selon le nombre des syllabes (4 + 7 comme la strophe avestique appelée spentamainya), mais des deux exemples qu’ils donnent, le second est en hezeg régulier, et le premier de même, si l’on change la forme galha, appartenant à la langue parlée, en gulān, qui aurait été la forme régulière 2[2].

Le rubā’t est merveilleusement propre à exprimer une pensée spirituelle sous une forme épigrammatique. Dans le rubā’t cet esprit persan tantôt gai et railleur, tantôt sceptique et blasé, tantôt déchiré de doutes, triste, plein d’angoisses, tantôt plongé dans des contemplations mystiques, a trouvé

  1. 1 Je dois ce schème, réformé sur celui qu’a donné feu M. Rückert dans sa traduction des Haft qolzum (v. Rückert-Pertsch, Poetik) aux recherches érudites de M. M. Hartmann (v. pour les détails l’article susmentionné du WZKM. XVII. p. 372—74). Ce qui caractérise le rubā’t, c’est le premier pied . En rappelant ce fait que les Arabes, dans leur imitation du rubā’t, n’ont employé que cette forme, M. Hartmann a démontré qu’elle est la forme originale, et que la variation n’est que secondaire.
  2. 2 Cette observation esst le résultat d’un examen des deux vers que j’ai fait conjointement avec M. Hartmann.