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DES CHINOIS.

Oh ! combien il est 21magnanime et clairvoyant ! combien i22ntrépide et calme !

Combien digne23 de renom ! combien digne24 de respect !

Nous25 avons un27 prince28 orn26é de vertus,

Que nous ne s31aurions oublier32 jusqu’à la fin29 des 30temps[1]. »

PARAPHRASE.

Contemplez ce ruisseau azuré qui s’épanche le long de cette vallée riante. De légers roseaux, qui folâtrent au souffle du zéphyr, parent ses bords verdoyan s.

Ainsi brille notre prince. Les vertus l’environnent dans un riche appareil ; et ce fut un jour d’heureux présage que celui qui le piaça au-dessus de nous. De même que des mains flexibles gravent et polissent l’ivoire en formes élégantes, ses lois calment les passions et modifient les âmes à leur gré. De même que la patience et l’art font rayonner les pierreries en rangées étincelantes, il forme les esprits par les mœurs, et répand un éclat dont tous les yeux sont frappés.

Quelle dignité douce, et cependant imposante ! quelle grâce affable, et cependant mâle ! quelle bonté dans ses regards ! quelle fraîcheur sur son visage !

Ainsi brille notre prince. Une céleste nuée de vertus rayonne autour de lui. Jamais les sombres vapeurs de l’oubli n’obscurciront sa gloire immortelle.

La prédiction du poëte s’est accomplie jusqu’à ce jour ; mais il n’imaginoit guère que son ouvrage auroit des admirateurs sous un climat aussi éloigné de sa patrie, et que son prince seroit célébré dans une langue qui n’existoit pas encore.

  1. Malgré la juste confiance que j’ai dans la fidélité de cette version, l’on me permettra de donner ici celle du P. Amiot :

    « Tels qu’on voit les roseaux qui croissent sur les rives du Ki, se couronner sans cesse de nouveaux feuillages, étendre au loin leurs rameaux, et étaler de tous côtés une verdure qui charme les yeux ; tel s’offre à nos regards le bon prince Ouen-ouang : son ame est comme un ivoire sculpté et limé, comme un diamant taillé et poli ; sa perfection est son ouvrage. Que de noblesse dans ses sentimens ! que d’affabilité dans ses manières ! que de dignité dans sa personne ! Sa gloire sera immortelle comme ses vertus. » Mémoires concernant l’histoire, &c. des Chinois, t. I, p. 440 et 441. — La paraphrase est en vers dans l’original anglois. (L-s.)