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SUR LA CHRONOLOGIE DES HINDOUS.

l’offrande d’Abel ; en un mot, si les deux Menous peuvent désigner d’autres personnes que le grand procréateur et le restaurateur de notre espèce.

En supposant que Vaivasaouata, ou le fils du Soleil, est le Noé de l’Écriture, suivons ce que les Indiens racontent de sa postérité. J’extrais ces détails du Pourânârthaprecâçâ, ou de l’Explication des Pourânas, ouvrage récemment composé en sanskrit par Râdhâcânta Sarman, Pandit d’un grand savoir, et très-célèbre parmi les Hindous de cette province. Avant d’examiner les généalogies des rois, qu’il a tirées des Pourânas, il est nécessaire de donner une idée des avataras[1], ou apparitions de la divinité. Les Hindous croient à une multitude innombrable d’apparitions de ce genre, ou d’interpositions spéciales de la Providence dans les affaires du genre humain ; mais ils comptent dix principaux avataras dans la période actuelle de quatre âges, et ils sont tous décrits, suivant l’ordre où l’on suppose qu’ils ont eu lieu, dans

  1. Le mot sanskrit avatar signifie descente, et s’emploie particulièrement pour désigner les neuf précédentes descentes de Vichnou [l’Être suprême] sur la terre. Il quitta le séjour éternel pour remplir les soins d’une sage et bienfaisante providence, et pour exercer la justice en châtiant les criminels. Vichnou lui-même nous apprend le motif de ses différentes descentes, dans un discours qu’il adresse à Ardjoun, et qui se trouve dans le Bhaguat-Guîtâ, où il est désigné sous le nom de Krichna. « Nous avons, moi et toi, eu plusieurs naissances ; les miennes me sont connues, mais tu ne connois pas les tiennes. Quoique de ma nature je ne sois point sujet à naître ou à mourir, quoique je sois le maître de toute la création, cependant, ayant dominé ma propre nature, je me suis rendu visible par mon pouvoir ; et autant de fois que dans le monde la vertu s’affoiblit et que le vice et l’injustice s’insurgent, je me rends visible, et j’apparois ainsi de siècle en siècle pour la conservation des justes, la destruction des méchans et le raffermissement de la vertu. » Outre les neuf incarnations dont M. Jones, ou plutôt son auteur indien, a donné l’énumération, on en attend encore une dixième et dernière. Vichnou doit prendre la forme d’un cheval nommé Calki : dès que ce cheval aura posé le pied sur la terre, elle s’ébranlera et sera anéantie ainsi que toutes les créatures, &c. Voyez Maurice’s Ancient History of Hindostan, its arts and its sciences, as connected with the history of Asia, &c. t. I, p.  553 ; = Wilkins’s Bhaguat-Geeta, p. 52 ; = Paulini a Sancto Bartholomæo Systema Brahmanicum liturgicum, mythologicum et civile, ex monumentis Indicis musei Borgiani illustratum, p. 83 et 162. Le Bagavadam compte un plus grand nombre d’incarnations. Voyez cet ouvrage, p. 11 et 12. (L-s.)