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SUR LA CHRONOLOGIE DES HINDOUS.

que le chef des richis[1] a connoissance de cette doctrine sublime transmise de l’un à l’autre. »

Les Hindous croient que, sous le règne de ce monarque, fils du Soleil, toute la terre fut submergée, et tout le genre humain détruit par un déluge, à l’exception de ce prince religieux, des sept richis et de leurs épouses ; car ils supposent que les enfans de Vaivasaouata naquirent après le déluge. Cette pralaya, ou destruction générale, est le sujet du premier Pourana, ou poème sacré, qui est composé de quatorze mille stances. La même histoire est racontée brièvement, mais avec autant de clarté que d’élégance, dans le huitième livre du Bhagaouata[2], d’où je l’ai extraite et traduite avec beaucoup de soin. Je me bornerai à vous en présenter ici un abrégé. « Le démon Hayagrîvaayant soustrait les Védas à la vigilance de Brâhmah, tandis qu’il se reposoit à la fin du sixième manaouantara, toute la race des hommes devint corrompue, hormis les sept richis et Satyavrata, qui régnoit pour lors à Dravira, région maritime située au sud du Carnâta[3]. Un jour que ce prince s’acquittoit de ses ablutions dans la rivière Critamâla, Vichnou lui apparut sous la forme d’un petit poisson ; et, après avoir augmenté en

  1. Richi, mot sanskrit que M. Wilkins écrit reeshee, et qui signifie saint. Voyez les notes du Bhaguat-Geeta, p. 144, n. 50. (L-s.)
  2. Ouvrage canonique indien, publié en français par l’estimable et savant d’Obsonville, sous le titre de Bagavadam, ou Doctrine divine &c. Paris, 1788, 1 vol. in-8.° L’histoire rapportée ici par M. Jones se trouve, avec quelques variantes, p. 212 et suiv. de la traduction que nous venons de citer. Je dois observer que la différence qui existe entre la manière dont MM. Jones et d’Obsonville écrivent le titre de cet ouvrage, provient de la prononciation des naturels de l’Inde. Presque tous les mots sanskrits ont un a pour lettre finale : les habitans de la côte Malabare, qui ont une prononciation très-nasale, ajoutent une m après cet a final ; c’est ainsi qu’ils prononcent vedam au lieu de veda, pouranam au lieu de pourana, mahabharatam au lieu de mahabharata, kalyougam au lieu de kalyouga, &c. La traduction dont il s’agit ayant été faite d’après une version en tamoul chendamil, espèce de dialecte malabar particulièrement consacré aux sciences et à la religion, il n’est pas étonnant qu’on y rencontre le vice de prononciation dont je viens de parler. (L-s.)
  3. Province de l’Hindoustân, que nous nommons le Carnate. (L-s.)