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SUR LA CHRONOLOGIE DES HINDOUS.

de telles parités, nous pouvons admettre comme à-peu-près démontré, que la période d’un âge divin fut d’abord purement astronomique, et la rejeter de nos recherches actuelles sur la chronologie historique ou civile de l’Inde. Occupons-nous cependant des opinions avouées des Hindous ; et après avoir constaté leur système, voyons si nous pouvons le concilier avec la marche de la nature et le sens commun.

Ils nomment âge divin la réunion de leurs quatre âges ; et ils croient que dans chaque millier de ces âges, ou dans chaque jour de Brâhmah, il investit successivement quatorze Menous de la souveraineté de la terre. Ils supposent que chaque Menou transmet son empire à ses fils et à ses petits-fils durant une période de 71 âges divins, et ils nomment cette période un manaouantara ; mais, puisque 14 multiplié par 71 ne donne pas tout-à-fait mille, nous devons en conclure que six âges divins sont alloués pour les intervalles des manaouantaras, ou pour le crépuscule du jour de Brâhmah. Trente de ces jours, ou calpas, forment, suivant eux, un mois de Brâhmah ; douze de ces mois, une de ses années ; et cent de ces années, la durée de son âge. Ils assurent que cinquante des années de cet âge sont déjà écoulées. Nous sommes donc maintenant, selon les Hindous, dans le premier jour ou calpa du premier mois de la cinquante-unième année de l’âge de Brâhmah, et dans le vingt-huitième âge divin du septième manaouantara, dont

    manaouantara, c’est-à-dire, il y a environ 21,648,899 ans. Ce nombre prodigieux d’années a été réduit par un savant mathématicien anglois à 751 ans (en 1799 de l’ère vulgaire). Le même savant, dix ans auparavant (en 1789), avoit accordé 3,840 ans au même ouvrage ; mais il paroît que l’autre date est le résultat de calculs plus justes, et sur-tout de recherches mieux raisonnées et plus approfondies. La prétendue révélation de cet ouvrage faite à un nommé Maya, est une imposture sacerdotale des Brahmanes : le véritable auteur se nommoit Varâha. Au reste, on trouvera de plus amples détails sur ce personnage et sur son ouvrage, dans le Mémoire de M. Wilford sur la chronologie des Hindous, n.o XVIII du tome V de ces Recherches ; dans les Remarques de M. Bentley sur les principales ères et dates des anciens Hindous, n.o XXI du même volume ; et dans le Mémoire sur l’antiquité du Souryâ Siddhântâ et sur la formation des cycles astronomiques contenus dans cet ouvrage, par le même M. Bentley, n.o XIII du tome VI. (L-s.)