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SUR LA CHRONOLOGIE DES HINDOUS.

Il y a alternativement des créations et des destructions de mondes dans une suite innombrable de manaouantaras ; l’Être souverainement desirable renouvelle sans cesse ces opérations. »

Tel est l’arrangement de l’infini en durée, que les Hindous croient avoir été révélé par le ciel même, et qu’ils entendent généralement dans le sens littéral. Des indices tirés de lui-même semblent prouver qu’il est purement astronomique ; mais je ne veux ni m’approprier les observations d’autrui, ni sur-tout anticiper sur celles qui ont été faites par deux ou trois de nos collègues, et dont, à ce que j’espère, ils feront part à la Société. Cependant une conjecture de M. Paterson a quelque chose de si ingénieux, que je ne puis m’empêcher d’en faire mention, d’autant plus qu’elle semble confirmée par un des passages de la citation précédente. Voici son hypothèse : De même qu’un mois d’homme est un jour et une nuit de patriarche d’après l’analogie de ses moitiés lumineuse et obscure ; ainsi, par la même analogie, il se pourroit que les anciens Hindous eussent considéré un jour et une nuit d’homme comme un mois du monde inférieur : alors une année de ces mois ne seroit composée que de douze jours et douze nuits ; et trente de ces années formeroient une année lunaire d’homme. Il conclut de là que les quatre millions trois cent vingt mille années, qu’on suppose former les quatre âges indiens, ne sont que des années de douze jours ; et, dans le fait, ce nombre divisé par 30 se réduit à 144,000. Or, 1,440 ans sont un pada, ou période de l’astronomie des Hindous ; et ce nombre, multiplié par 18, s’élève précisément à 25,920, c’est-à-dire, au nombre d’années que les étoiles fixes paroissent employer à fournir leur longue révolution du côté de l’est. Ce dernier nombre est aussi le produit de 144, qui, suivant M. Bailly, étoit un ancien cycle indien, multiplié par 180, ou la période tartare appelée van : il est encore le produit de 2,880 multiplié par 9, qui non seulement est un des cycles lunaires, mais que les Hindous regardent comme un nombre mystérieux et un emblème de la Divinité, parce que, si on le multiplie par tout autre