Page:Recherches asiatiques, ou Mémoires de la Société établie au Bengale, tome 1.djvu/463

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
309
trouvée à Boud-dha-gayâ.

Il accomplit des actes de mortification rigoureux ; car c’étoit un homme d’une résolution infinie, avec un cœur compatissant. Une nuit, il eut une vision, et il entendit une voix qui disoit : « Nomme la faveur dont tu as besoin. » À ces mots, Ămără Dêvā fut frappé d’étonnement, et il répondit avec le respect convenable : « Apparois-moi d’abord, et ensuite accorde-moi telle faveur. » Il eut un autre songe pendant la nuit, et la voix dit : « Comment peut-il y avoir une apparition dans le Kălĭ-youg ? On peut obtenir de la vue d’une image, ou du culte d’une image, la même récompense que de l’apparition immédiate d’une divinité. » Ayant entendu ces paroles, il fit faire une image du suprême esprit Boŭd-dhă, et il lui rendit un culte, conformément à la loi, avec des parfums, de l’encens et autres choses semblables ; et il glorifia ainsi le nom de cet Être suprême, incarnation d’une portion de Vichnou. « Honneur à toi sous la forme de Boŭd-dhă ! Respect au seigneur de la terre ! respect à toi, incarnation de la Divinité et de l’Éternel ! respect à toi, ô Dieu, sous la forme du Dieu de miséricorde, toi qui chasses la douleur et le trouble, seigneur de toutes choses, Divinité qui triomphes des péchés du Kălĭ-youg, gardien de l’univers, emblème de miséricorde pour ceux qui te servent ! ōm[1] ! possesseur de toutes choses ayant forme d’existence ! Tu es Brăhmă, Vichnou et Măhésa ! Tu es seigneur de l’univers ! Tu es le possesseur de tout, sous la forme propre de toutes les choses mobiles et immobiles ! et c’est ainsi que je t’adore. Respect au dispensateur du salut, et, Réchikésă, au gouverneur des facultés ! Respect à toi (Késavă), destructeur du mauvais génie Kési ! Ô Dāmōrdără, sois-moi favorable ! Tu es celui qui repose sur la face de l’océan de lait, et qui est couché sur le serpent Sésă ! Tu es Trĭviĕkrămă [qui en trois pas fit le tour de la terre] ! Je t’adore, toi qui es célèbre sous mille noms et sous diverses formes, sous la forme de Boŭd-dhă, le Dieu de miséricorde ! Sois propice, ô Dieu très-haut ! »

Ayant ainsi honoré le gardien de l’espèce humaine, il devint

  1. Ainsi soit-il ! Voyez, sur ce mot mystique, ma note 63, page 245. (L-s.)