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SITUÉE PRÈS DE GAYÂ.

à leur tête Indră leur chef, et prennent la résolution de soumettre leurs doléances à Vĭchnoŭ et à Sĭva. Conduits par Brăhmā, ils se rendent en présence de ces deux divinités, qui écoutent leurs plaintes avec compassion. Elles entrèrent dans un courroux si violent contre Măhĭchāsoŭr, qu’il sortit de leur bouche et de celle des autres dieux principaux, une espèce de flamme, dont se forma une déesse belle au-delà de toute expression, ayant dix bras, et une arme différente dans chaque main. C’étoit une transfiguration de Bhăvānī, épouse de Sĭva, attribut sous lequel on lui donne ordinairement le nom de Doŭrgā[1]. Elle est envoyée contre l’usurpateur. Elle monte son lion, présent de la montagne Hĭmālăy [neigeuse][2], et attaque le monstre, qui change de forme à plusieurs reprises. Enfin la déesse pose ses pieds sur sa tête, et la tranche d’un seul coup de son épée. Aussitôt la partie supérieure d’un corps humain sort par le cou du buffle décapité ; elle mire un coup, que le lion pare avec sa patte droite ; et Doürgâ met fin au combat en lui perçant le cœur d’une lance. Je possède une statue de cette déesse, ayant un pied sur le lion et l’autre sur le monstre, dans l’attitude que je viens de décrire.

Le défaut de date a frustré mon attente. J’espérois en trouver une dans la ligne isolée qu’on avoit transcrite, ainsi que vous m’en aviez fait part, dans un autre endroit de la caverne ; mais quoique je n’aie pas réussi à la déchiffrer toute entière, j’en ai compris assez pour me convaincre qu’elle renferme seulement une invocation. Si vous êtes assez heureux pour vous procurer des copies correctes des autres inscriptions qui doivent se trouver dans les cavernes de ces montagnes, je ne doute pas qu’il ne s’y rencontre des particularités qui nous aideront à en découvrir la date.

Je suis, Monsieur, votre très-sincère ami et votre humble et obéissant serviteur.

Calcutta, 17 mars 1785.
Charles Wilkins.

  1. De difficile accès. Voyez, ci-dessus, mes notes sur les dieux de la Grèce, de l’Italie et de l’Inde, pages 261 et 264. (L-s.)
  2. Branche de l’Imaüs des anciens. Voyez, ci-dessus, mes notes sur les dieux de la Grèce, de l’Italie et de l’Inde, page 261. (L-s.)