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DESCRIPTION D’UNE CAVERNE

Lettre de Charles Wilkins, Écuyer, au Secrétaire.
Monsieur,

J’ai eu le bonheur d’entendre, depuis le commencement jusqu’à la fin, l’inscription très-curieuse que vous avez eu la bonté de m’envoyer ; je vous la renvoie ci-jointe, accompagnée d’une copie exacte de moindre dimension, où sont placées entre les lignes les lettres correspondantes dans le caractère dēounāgăr moderne. J’y joins aussi une copie de ma traduction, qui est autant littérale que l’a permis le génie des deux langues.

Les caractères sont incontestablement les plus anciens que j’aie vus jusqu’à ce jour. Non-seulement ils diffèrent de ceux qui sont maintenant en usage, mais encore ils diffèrent considérablement de ceux que nous offrent des inscriptions de dix-huit siècles. Cependant, quoique l’écriture ne soit pas moderne, la langue est le sanskrit pur, écrit en forme de longs vers, appelés sārdōulă-vĭkrīrĭtă, et composés de quatre repos, chacun de dix-neuf syllabes, comme dans cet exemple :

ˉ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˘ ˘ ˘ ˉ ˉ ˉ ˘ ˉ ˉ ˘ ˉ | ˉ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˘ ˘ ˘ ˉ ˉ ˉ ˘ ˉ ˉ ˘ ˉ
ˉ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˘ ˘ ˘ ˉ ˉ ˉ ˘ ˉ ˉ ˘ ˉ | ˉ ˉ ˉ ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ ˘ ˘ ˘ ˉ ˉ ˉ ˘ ˉ ˉ ˘ ˉ

Le mètre m’a été d’un grand secours pour déchiffrer les voyelles.

Les premières lignes de la première stance font allusion à l’histoire de Bhăvānī tuant le mauvais esprit Măhĭchāsoŭr, qui, déguisé en buffle, comme l’indique son nom, avoit combattu avec Indra et ses troupes célestes durant cent ans, l’avoit vaincu, et avoit usurpé son trône. Cette histoire se trouve en détail dans un petit ouvrage intitulé Tchandi[1]. Les esprits vaincus, bannis des cieux, et condamnés à errer sur la terre, s’assemblent au bout d’un certain temps, ayant

  1. Tchandi ou Tchandica est un des noms de Pârvadî, épouse de Sïva (ou Chiva). L’ouvrage dont il s’agit consiste en hymnes en l’honneur de cette déesse, et renferme le récit d’une partie de ses aventures. C’est un extrait du Marcandeya-pourâna : il se trouve à la Bibliothèque nationale sous le n.° 48 actuel et 281 anciens de nos manuscrits indiens. (L-s.)