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NOTES.

La différente position des deux semi-tons dans l’échelle des sept notes, donne naissance à sept modes primordiaux et connus : la série entière est composée de douze semi-tons, dont chacun peut devenir une note module ou tonique. Il y a dans la nature, quoique cela ne soit pas universel en pratique, soixante-dix-sept autres modes que l’on peut nommer dérivatifs. Les Persans attachent aux quatre-vingt-quatre modes l’idée de localité, les distribuent en trois classes formées de douze salles, vingt-quatre angles et quarante-huit réduits. Mais l’ordre hindou est élégamment établi sur les variations de l’année indienne, et sur l’association des idées, puissant auxiliaire ajouté aux effets ordinaires de la modulation. Les modes sont déifiés dans ce système ; et comme il y a six saisons dans l’Inde, savoir, deux printemps, l’été, l’automne et deux hivers, on croit qu’un Râg, ou dieu du mode, préside à chacune d’elles. Chaque mode principal est accompagné de cinq Râgny ou nymphes de l’harmonie ; chacun a huit fils ou génies également adonnés à cet art divin ; à chaque Râg, avec sa famille, est assignée une saison particulière où l’on ne peut chanter et jouer que sa mélodie. Le mode de Detpuc, ou Cupidon l’inflammateur, passe pour être perdu ; et suivant une tradition encore subsistante dans l’Hindoustân, un musicien qui tenta de le rétablir, fut consumé par le feu du ciel. La distribution naturelle des modes auroit été sept, trente-trois, quarante-quatre, conformément au nombre des tons secondaires majeurs et mineurs ; mais on changea cet ordre en faveur de la charmante fiction dont je viens de parler. Voyez Jones’s Hymn to Sereswati, dans le tome I.er, page 179, de l’Asiatick Miscellany, et tome VI, page 375, des Works of sir Will. Jones.

(151) Un des premiers êtres créés, fils de Brâhmah, et l’Hermès ou Mercure des Hindous. C’étoit un sage législateur, grand dans les arts et dans les armes, un messager éloquent, que les dieux s’envoyoient respectivement, ou qu’ils dépêchoient aux mortels leurs favoris ; enfin c’étoit un musicien d’un talent supérieur. Ses faits et gestes sont le sujet d’un Pourâna. Les Pandits citent encore un traité de lois que l’on suppose avoir été révélé par Nâreda. Il inventa le Anâ, instrument à cordes : on pince ces cordes, et elles sont soutenues par deux grosses gourdes. C’est, sans contredit, le meilleur instrument dont on se serve dans toute l’Asie, suivant l’opinion de M. Jones, Hymn to Sereswati. Voyez le Mémoire sur le bîn ou vinâ, ci-après, n.° XII, pages 319-323. Au reste, comme le parallèle entre Nâreda et Mercure repose entièrement sur l’invention du luth, M. Hamilton n’est pas très-convaincu de sa justesse, et il