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NOTES.

Gange, près de la forteresse moderne d’Âllah-âbâd. Ce lieu est regardé comme le confluent de trois fleuves sacrés, et est connu sous le nom de Trivêni, ou des trois boucles de cheveux tressés : une multitude de pèlerins y commencent des cérémonies qu’ils doivent terminer à Gayâ ; ils emportent avec eux des vases remplis d’eau, qu’ils conservent avec une vénération superstitieuse ; à leur retour, ils sont salués respectueusement par tous les Hindous qui les rencontrent.

M. Jones nomme ensuite six des principales rivières qui se jettent dans le Gange, et il les décrit rapidement d’après leurs propriétés spéciales : ainsi le Gandac, connu des Grecs sous une dénomination analogue, abonde, selon le P. Georgi, en crocodiles d’une grandeur extraordinaire ; le Mahanadi traverse la plaine de Gaoura, qui formoit jadis un canton très-peuplé, avec une capitale magnifique, d’où les Bengalis furent probablement appelés Gangaridts, mais qui est aujourd’hui le séjour de la désolation et le repaire des bêtes farouches. De Prayàga, le fleuve se dirige avec rapidité vers l’antique ville de Kâsî, que les Musulmans nomment Bénârès بنارس ; puis il baigne les murs de Pâtalipoutra, aujourd’hui Patnah, qui, pour le site et le nom, répond mieux à l’ancienne Palibothra que Prayâga ou Kànyakouvdja. Si Mégasthène et les ambassadeurs de Séleucus visitèrent la dernière de ces villes, et la nommèrent Palibothra, il est évident qu’ils se trompèrent. On trouve ensuite la belle montagne de Mouctiguiri ou Menguîr, et le merveilleux étang de Sîta, qui doit son nom à l’épouse de Râma, célébré par l’immortel Vâlmîki et d’autres poètes épiques de l’Inde, comme le vainqueur du géant Râvana et le conquérant de l*île de Sinhaldouyp ou Ceylan. Le poète jette en passant un coup-d’œil sur les montagnes de Kâligrâm et de Gangâ-presâd : il profite de cette circonstance pour faire un éloge bien justement mérité de M. Auguste Cleveland, qui parvint k civiliser les habitans sauvages de ces montagnes, qui étoient une île composée de rochers, ou au moins dont le pied étoit arrosé par la mer, sur laquelle on a conquis par la suite des temps la belle et fertile plaine du Bengale. Le zèle philantropique et les succès honorables de M. Cleveland parmi ces montagnards, ont été décrits et justement loués par M. George Forster dans son Voyage du Bengale à Saint-Pétersbourg.

Le bras occidental du Gange est appelé Bhâgarathî, Cette dénomination doit son origine à un demi-dieu ou saint homme nommé Bhâguiratha, qui par sa piété avoit obtenu de Sîva le privilége de conduire à sa suite une grande partie de l’eau du ciel : il l’emmena donc, et en forma deux branches, lesquelles embrassent la belle île qui tire son nom actuel de Qâcembâzâr, et