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NOTES

que ces deux rivières confondent leurs eaux, et forment ce qu’on appelle le Gange. Cette masse d’eau, après avoir longé pendant à-peu-près un mille le mont Himaléh, se fraye un passage à travers une caverne, et tombe dans un bassin creusé dans le roc, au pied de la montagne. C’est là que des observateurs superficiels ont fixé les sources du Gange ; et le génie de la superstition avoit donné à l’ouverture de la caverne la forme d’une vache, animal non moins révéré chez les Hindous que le bœuf Apis l’étoit chez les Egyptiens.

De cette seconde source, s’il m’est permis de m’exprimer ainsi, le Gange se dirige plus à l’ouest, à travers le pays rocailleux de Sery-nagar ; enfin, à Herdouar, il s’échappe du territoire montagneux sur lequel il a erré pendant plus de huit cents milles anglois. À Herdouar, il s’ouvre un passage à travers la montagne de Seouâleik, au nord de la province de Dehly. Ensuite ce fleuve arrose paisiblement les plaines de l’Inde, et reçoit les eaux du Brahmâpoutre, tout auprès d’une de ses embouchures dans l’Océan.

M. Jones a composé un hymne adressé à Ganga, considéré comme divinité protectrice du fleuve qui porte son nom. Nous regrettons de ne pouvoir en présenter ici la traduction entière ; mais, au moins, une simple notice de cet hymne offrira quelques renseignemens utiles pour la mythologie et la géographie indiennes. Après avoir donné une description générale du Gange, M. Jones raconte la fable qui fait naître la déesse comme Pailas du front de Sîvà ou Chiva, le Jupiter tonans et genitor des Latins. La création de son amant, le Brahmâ-poutre, par un acte de la volonté de Brâhmah, est le sujet d’une autre strophe. La quatrième et la cinquième représentent la déesse du Gange arrêtée dans son passage à l’ouest par les montagnes d’Emodi, ainsi nommées d’uji mot sanskrit qui signifie neige, et d’où dérivent également les mots Irnaüs et Himalaya, Himala et Himaléh. La sixième décrit la marche de cette déesse à travers l’Hindoustân, où elle entre par le détroit de Koûpala, passant près de Sambal, pays qui est le même que le Samba laça de Ptolémée, fameux par la plante du même nom : de là elle passe non loin de Kânyakouvdja, ville jadis opulente et séjour d’un souverain. Les Grecs l’ont mal-à-propos nommée Calinipaxa, et les Asiatiques n’ont pas été plus exacts en l’appelant Kanoùdje. Ici le Gange se joint au Kalinadi, et s’avance vers Prayâga, d’où les habitans du Béhâr furent appelés Prasii, et où PYamounû [ou Djemnah], ayant reçu les eaux du Saresouatî au-dessous d’Indra-prestha ou de Dehly, et ayant arrosé le sol poétique de Madhoura et d’Agrah, mêle ses nobles eaux aux eaux sacrées du