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NOTES

passer la nuit à faire de la musique et à danser. Une canne à sucre ou une tige de fleur forme le bois de son arc, qui a une corde composée d'abeilles : ses cinq flèches, qui correspondent sans doute aux cinq sens, sont armées chacune d'une fleur de l'Inde, qui a la vertu d'échauffer ; une de ces flèches se nomme mellica, C'est le nyctantes de nos botanistes, qui rejettent mal-à-propos les noms indigènes de la plupart des plantes de l'Asie. Le poète dramatique Câlidàsa parie fort élégamment de cette plante et de Câmdéo dans les deux vers suivans :

Mellicamoucoulè bhâti goundjanmattamadhouvratah
Prayanè pantcha oànasya sankhamâpourayanniva.

« L'abeille enivrée brille et bourdonne dans la mellica récemment épanouie, comme celui qui prête un souffle à une conque blanche dans la sj procession du dieu à cinq flèches. »

Les Hindous croient que Câmdéo est réduit à une essence intellectuelle, depuis qu'il osa attaquer Vichnou ou Mahâdéo. Ce dieu puissant, pour le punir de sa témérité, lança sur lui une flamme qui dévora toute sa substance corporelle : Câmdéo exerce maintenant son empire suri'esprit des mortels et sur celui des dieux, qu'il a la permission d'asservir.

Il reçoit particulièrement les hommages des femmes qui désirent des amans fidèles ou de bons maris. Le râdjah de Travancor, prince puissant, sacrifie à ce dieu une fois par an dans le temple de Souclindram, qui lui est consacré sur la côte de Coromandel. Il est à remarquer que dans le culte que les Hindous rendent à Câmdéo, ils excluent les images obscènes, les chansons libres, et tout ce qui pourroit offrir des idées indécentes et lascives. Ils ne se permettent même ces licences qu'aux fêtes de Câlî ou Bhadracâlî, déesse née de Pceil placé au milieu du front de Chiva, et à celles du Lingam. Nous avons déjà observé que Câmdéo fut presque anéanti par le terrible Mahâdéo, ou au moins qu'il perdit toute existence corporelle. Cet accident causa la plus vive douleur à Retti son épouse, dont les lamentations font le sujet d'un poème sanskrit tout entier. La description des noces et des cérémonies du mariage de Câmdéo et de Retti remplit un autre volume, dont il est défendu de donner communication aux profanes. Les Brahmanes ont seuls le droit de lire la description d'une cérémonie où Brâhmah lui-même assista en qualité de père du fiancé. Voyez Paulini à Sancto-Bartholomæo Systema Brahmanicum, &c. pag. 185-1 89, et Jones's Hymn to Camdeo, et