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SUR L’ORTHOGRAPHE

et la mesure irrégulière[1]. Or, je le demande, ces difficultés se seroient-elles présentées, si d’Herbelot, ou son éditeur, s’étoit formé un système régulier sur la manière d’écrire l’arabe en caractères romains, et s’il l’eût développé à ses lecteurs dans sa dissertation préliminaire !

S’il étoit besoin d’établir par une nouvelle preuve qu’un semblable système seroit utile aux savans et essentiel aux élèves, j’observerois qu’une personne qui étudie le persan, et qui liroit, dans nos meilleures histoires, la vie du sulthân A’zim, pourroit, s’il vouloir écrire te nom de ce prince en

  1. Le vers que cite ici M. Jones, se trouve, comme il le dit lui-même, dans une espèce d’élégie dont toutes les rimes se terminent en n, et qui, à cause de cela, se nomme Qassydèh noùnyèh قصيده نونيه [Élégie rimée en n]. Quoique cet ouvrage d’Ibn Zéïdoun ne se trouve pas dans l’inappréciable et immense collection de manuscrits confiée à ma garde, l’heureux résultat de mes recherches me met en état de rectifier en même temps la transcription de d’Herbelot, et la restitution conjecturale de M. Jones. J’ai trouvé ce vers cité par Aboùl-féda, dans son Histoire universelle, intitulée المختصر في اخبار البشــر âl-Mokhtassar fy âkhbâr âl-bachar [Abrégé de l’histoire du genre humain], publiée en arabe, avec la traduction latine et les notes de Reiske, par le savant et célèbre M. Adler, sous le titre d’Abulfedæ Annales Moslemici, arabicè et latinè, operâ et studiis J.J. Reiskii, sumptibus P. F. Suhmii, nunc primùm edidit J. G. Adler, Hafniæ, 1789-17, 5 vol., in-4-° Voici la leçon que porte cette édition, tome III, page 216 : نكاد حين تنا جيكم صها يرنا يفضي عليها الامي لولا ناشــينا، Parùm abest quin ægritudo pectora nostra conficiat et enecet, quando clandestino vobiscum et mute sermone colloquuntur, nisi solatium ab alienis similis miseriæ exemplis caperemus.

    Le précieux manuscrit autographe, ou revu par l’auteur, qui, sous le n.° 101, faisoit partie des manuscrits orientaux de l’abbaye Saint-Germain, déposés aujourd’hui à la Bibliothèque nationale, renferme le même vers à la page 199, avec la différence d’une seule lettre : ملبـنـا au lieu de نكاد حين تنا جيكم ضمايرنا، مايها بيصي ماينا الامي ناسينا « Peu s’en faut que, dans ce muet et secret entretien, nos cœurs ne soient écrasés de douleur, si nous n’étions soulagés par la vue de la misère d’autrui. » (L-s.)