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DES MOTS ORIENTAUX.

Si âlâçâ[1] [remède] est la véritable leçon, la particule négative est absurde, puisque taâççaïnâ[2] signifie nous sommes patiens, et non pas nous sommes au désespoir ; mais s’il faut lire âlâçaï [affliction], il naît quelque obscurité du verbe auquel ce mot se rapporte. À tout prendre, je conjecture que le distique doit être écrit de cette manière :

يَكَادُ حِيْنَ تُنَـاجِيْكُمْ ضَمَـايِرُنَا
يَقْضِي عَاَيْنَا اَلاٗسََٗي اَوٗلاَ تَاسَّيٗنَا

Yèkâdou hhyna tonâdjykoum dhamâirounâ
Yèqdhy a’léinâ êl-âçaï lèoùlâ taaççynâ.

« Lorsque nos cœurs vous confient leurs secrets, l’inquiétude fixerait presque notre sort, si nous ne devions pas nous consoler mutuellement. »

Les principaux verbes peuvent avoir un sens futur, et le dernier mot peut être différemment interprété. Je me rappelle que le docteur Hunt avoit trouvé dans Giggeius le mot dhemáyer[3] (prononcez dhemâyr), qu’il présumoit être dans l’original. Après tout, la rime semble imparfaite,

  1. دَوَاى idem quod دَوَاء medicamentum, remedium, etc. Vide Golii Lexicon Arabico-Latinum, pag. 108. (L-s.)
  2. تَـاَُتَيْنَـا première personne du pluriel du prétérit de la cinquième conjugaison de la racine arabe اَُسَـا pro اَُسَـــرَ chald. אסי curavit medicamento imposito, medicatus fuit, etc. La cinquième conjugaison نَاَُشَي signifie solatio levatus fuit, solatium percepit. Il faut donc traduire ici تَـاسٗيْنَــا nous fûmes consolés, et non pas nous fûmes ou nous sommes patiens [we are patient], comme l’a fait M. Jones. Au reste, voyez ma note suivante. (L-s.)
  3. اَُضَمَيْرُ plur. ضَمَايرُ occultum, arcanum, conscientia, cogitatio, quod animum subit, sensus, cor. Giggeii Thesaurus linguæ Arabicæ, t. II, p. 1495. (L-s.)