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NOTES.

[l’air, le vent] ; Afêghavan [habitant des nuées] ; Djichnou [vainqueur] ; Pourouhrda [courageux, brave] ; Sahasrâkcha [ayant mille yeux] ; Divaspadi [maître des demi-dieux] ; Indra [qui affecte les sens], parce que c’est la qualité de l’air ; Dyoupeti ou Dyoupetir [dieu du ciel], d’où est probablement dérivé le mot étrusque Ditspiter, ancien nom de Jupiter : en effet, c’est, suivant le P. Paulin de Saint-Barthélemi et M. Jones, le Jupiter conducteur des Grecs et des Latins. Voilà, dit le P. Paulin, un second dieu philosophique, qui prouve que presque toutes les divinités indiennes sont relatives à l’astronomie et à la physique. Parmi les attributs d’Indrâ, nous citerons le vadjiram ou koullcham, c’est-à-dire, la foudre f parce que l’air contribue à former la foudre et lui sert de conducteur ; le vimânam [char], qu’on nomme aussi vyomayanam [voiture du firmament]. L’épouse d’Indrâ se nomme Indràni ; son cocher, Sârathi, &c. Il a en outre plusieurs ministres, et des nymphes pour le servir ; il préside les demi-dieux et les bons génies subalternes, qui dirigent les cieux inférieurs, les portent et les animent. Il examine leurs droits, décide leurs différens, frappe de son foudre les niéchans, chasse du ciel les dieux qui pèchent, les exile dans des corps humains ou dans ceux de différens animaux. Il donne aux dieux bons Yamrda [breuvage de l’immortalité], dirige l’air et les nuages, régit tôut ce qui tient à ce monde sublunaire, répand sur la terre 1 ç gandje céleste, c’est-à-dire, la rosée qui la rafraîchit et la fertilise, la préserve du feu brûlant qui la dessèche. Il a le caractère bouillant et lascif du Jupiter des Grecs. Tout le monde connoît, dans l’Inde, l’histoire de sa métamorphose en coq, à la faveur de laquelle il viola Ahalya, femme d’un mouni nommé Gaudama (c’est une planète), tandis que son mari s’acquittoit de ses prières du matin et se lavoit dans le Gange avant l’aurore. Gaudaina, instruit de cet attentat, maudit Indrâ, dont tout le corps se trouva couvert de mille membres virils ; mais, d’après ses prières instantes et répétées, ces membres furent transformés en mille yeux, qu’il porte encore maintenant. Le P. Paulin de Saint-Barthélemi reproche aux académiciens de Calcutta (c’est-à-dire, à M. Jones, puisqu’il cite la page même de sa dissertation) d’avoir répandu beaucoup d’obscurité sur l’histoire d’Indrâ, en voulant décrire les divinités indiennes plutôt d’après la mythologie grecque que d’après celle des Brahmanes, qu’il n’entendoit pas suffisamment. Il leur reproche aussi d’être peu versés dans la langue sanskrite. Nous ne nous permettrons pas même de discuter jusqu’à quel point ces reproches sont fondés ; mais il nous semble que les immenses travaux de M. Jones, et les excellentes traductions du sanskrit publiées par lui et par M. Wilkins, sont des