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SUR LES DIEUX DE LA GRÈCE,

Qui plus que Saint Paul étoit versé dans la doctrine des Rabbins ? Qui eut des idées plus claires que Newton, de tous les anciens systèmes astronomiques, ou que Locke, de la métaphysique de l’école ? En qui l’église romaine auroit-elie trouvé un adversaire plus redoutable que Chillingworth, profondément instruit de ses dogmes, et par là, si en état de les combattre ? En un mot, qui mieux que Moïse lui-même connut les rites abominables et la révoltante idolâtrie de Canaan ? Néanmoins le savoir de ces grands hommes les excita à chercher d’autres sources de vérité, de piété et de vertu, que celles où ils s’étoient abreuvés long-temps. Il n’y a donc pas le moindre motif de penser que Moïse ait emprunté de la littérature des Égyptiens les neuf ou dix premiers chapitres de la Genèse. À plus forte raison, les colonnes de diamant de notre foi chrétienne né sauroient-elles être ébranlées par le résultat d’une discussion quelconque sur l’antiquité comparative des Hindous et des Égyptiens, ou par celui des recherches qu’on pourroit faire sur la théologie indienne. Des Indiens très-respectables m’ont assuré qu’un ou deux missionnaires avoient poussé l’absurdité, dans leur zèle pour la conversion des Gentils, au point de soutenir qu’aujourd’hui même les Hindous étoient presque chrétiens, parce que leur Brâhmah, leur Vichnou et leur Mahêsa, n’étoient autres que la Trinité chrétienne : nous sommes réduits à douter si c’est la folie, l’ignorance ou l’impiété, qui prévaut dans cette assertion. Les trois facultés créatrice, conservatrice et destructive, que les Hindous expriment par le mot trilittéral Ôm, furent grossièrement attribuées, par les premiers idoj lâtres, à l’ardeur, à la lumière et à la flamme du soleil, leur fausse divinité ; et leurs successeurs orientaux, plus sensés, voyant que le soleil n’étoit qu’une créature, appliquèrent ces facultés à son créateur. Mais la Trinité indienne, et celle de Platon, qu’il appelle le Dieu suprême, la raison et lame, sont à une distance infinie de la sainteté et de la sublimité de la doctrine que de pieux Chrétiens ont déduite des textes de l’Évangile, quoique d’autres Chrétiens non moins pieux fassent ouvertement profession de ne pas