Page:Recherches asiatiques, ou Mémoires de la Société établie au Bengale, tome 1.djvu/360

Cette page n’a pas encore été corrigée
208
SUR LES DIEUX DE LA GRÈCE,

qui se donnoit anciennement aux écrivains de mélanges, ou aux : compilateurs de traités divers sur la religion ou les sciences, ce mot étant dérivé d'une racine qui signifie mêler(164). Je lui ai demandé où étoit situé le pays de Misr. « Il y a, m'a-t-il répondu, deux contrées de ce nom : l'une est située dans l'occident, et les Musulmans en sont maîtres ; l'autre, dont il est fait mention dans tous les Sâstras et Pourânas, est dans une région montagneuse, au nord d'Ayodhyâ. » Il est évident que, par le premier, il entendoit l'Egypte ; mais il n'est pas aisé de déterminer ce qu'il entendoit par le second. On voit dans les cartes, entre la frontière nord-est d'Aoude et les montagnes du Népal, un pays que nos géographes appellent Tiruhut : mais je ne puis décider si c'est le Tirôut dont parloit au P. Marco son ami de Betîyà. Je sais seulement avec certitude que Misra est une épithète donnée à deux Brahmanes dans le drame de Sacontala(165), composé près d'un siècle avant la naissance de J. C. ; que ce titre est déféré à quelques-uns des plus grands jurisconsultes et à deux des meilleurs poètes dramatiques de l'Inde ; que nous l'entendons fréquemment dans les tribunaux, ajouté au nom des parties ; et qu'aucun des Pandits que j'ai consultés, ne connoît sa véritable signification, en tant que nom propre, ou n'en donne d'autre explication, sinon que c'est un surnom des Brahmanes de l'occident. Je ne puis compter sur ce que le vieux radjah de Crichnanagar a dit un jour au colonel Kyd „ concernant des traditions qui se conservoient parmi les Hindous, et d'après lesquelles des Egyptiens se seraient établis dans cette contrée. Je tiens de quelques parens du radjah, personnes dignes de foi, qu'il n'avoit pas des connoissances solides, bien qu'il possédât des livres curieux, et qu'il eût été attentif à la conversation des savans(166). Je sais d'ailleurs que son fils, et plusieurs de ses parens, ont été des faussaires en fait de littérature indienne ; et je les crois très-sujets à s'abuser eux-mêmes, et à égarer ceux avec qui ils conversent, en confondant les sources d'instruction. Le mot misr, ainsi épelé en sanskrit avec une palatale sifflante, est très-remarquable ; autant que l'étymologie peut venir à notre