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DE L’ITALIE ET DE L’INDE.

dans cette région ; et quand ies Arabes s’en servent pour exprimer une grande ville, ils entendent probablement une ville comme la capitale de l’Égypte. Le P. Marco, missionnaire catholique, qui n’est pas un savant du premier ordre, mais qui, j’en suis persuadé, est incapable d’une imposture préméditée, m’a prêté le dernier livre d’un Râmâyan, qu’il a traduit dans sa langue à l’aide des Hindous ; il y a joint un petit vocabulaire de noms historiques et mythologiques, que lui ont expliqués les Pandits de Betîyà (161), où il a fait une longue résidence. Un des articles de ce dictionnaire est ainsi conçu : « Tirôut, ville et province où s’établirent des « prêtres venus d’Egypte. » Lorsque je lui ai demandé comment l’Égypte s’appeloit chez les Hindous, il m’a répondu Misr, mais en observant qu’ils la confondoient quelquefois avec l’Abyssinie. J’ai vu qu’il se rappeloit bien ce qu’il avoit écrit ; car Misr étoit un autre article de son index, et il m’a dit que c’étoit « le pays d’où venoient « les prêtres égyptiens qui s’établirent à Tirôut ( 162). » J’ai soupçonné sur-le-champ que ce renseignement lui venoit des Musulmans, qui appellent le sucre candi misry [égyptien] ( 163). Mais, en l’examinant de près, et quand je l’ai prié avec instance de se rappeler de qui il tenoit ces renseignemens, il m’a assuré positivement, et à plusieurs reprises, qu’ils lui avoient été donnés par plusieurs Hindous, et en particulier par un Brahmane, son intime ami, qui avoit la réputation d’être un Pandit important, et qui avoit logé pendant trois ans dans son voisinage. Nous avons pour lors imaginé que le siége de cette colonie égyptienne devoit avoir été Tirô/iit, qu’on prononce ordinairement Tirôut, et qui s’appeloit anciennement Mithilâ, principale ville du Djanacadesa, ou Béhâr septentrional. Mais le Pandit Mahêsa, qui est né dans ce canton même, et qui s’est soumis patiemment à un long examen concernant Misr, a détruit toutes nos inductions. Il a nié que les Brahmanes de son pays fussent généralement surnommés Misr, comme nous l’avions appris. Il nous a dit que l’addition du mot mïsra au nom de Vdtchespeti, et de quelques autres savans auteurs, étoit un titre