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SUR LES DIEUX DE LA GRÈCE,

trois différentes nations, les Grecs, les Romains et les Indiens. Je n’ai fait que i’ébaucher, à défaut de matériaux plus amples ; ma confiance s’est néanmoins accrue à mesure que j’avançois : mais je n’ose point décider laquelle de ces mythologies est l’original, laquelle est la copie ; et je crois que nous n’aurons pas de long-temps des bases suffisantes pour la solution de ce problème. La règle fondamentale, que les opérations naturelles et la plupart des opérations humaines procèdent du simple au composé, ne fournira point de secours à cet égard, puisque ni le système européen ni le système asiatique ne présentent aucune simplicité. L’un et l’autre sont tellement compliqués, pour ne pas dire absurdes, quoique entremêlés de beau et de sublime, qu’on ne sauroit attribuer avec quelque certitude à i’un ou à l’autre l’honneur de l’originalité.

Comme l’Egypte paroît avoir été la grande source des connoissances de l’Occident, et l’Inde celle des connoissances de l’Orient, il peut être intéressant de savoir si les Égyptiens communiquèrent leur mythologie et leur philosophie aux Hindous, ou vice versa : mais aucun mortel ne connoît ce que les savans de Memphis ont dit ou écrit au sujet de l’Inde ; et si ceux de Vârânès ont assuré quelque chose concernant l’Égypte, cela est peu satisfaisant. J’offrirai cependant les preuves circonstanciées que j’ai pu me procurer sur cette question, parce que, malgré leur foiblesse, il peut s’y rencontrer quelque chose qui 11e soit pas tout-à-fait indigne de fixer l’attention. Après tout néanmoins, quelques colonies qui aient passé des bords du Nil sur ceux du Gange, nous finirons peut-être par tomber d’accord avec M. Bryant, que les Égyptiens, les Indiens, les Grecs et les Italiens sortirent originairement d’un même lieu central, et que ie peuple dont ils faisoient partie porta sa religion et ses sciences à la Chine et au Japon : ne pourroit-on pas ajouter, au Mexique même et au Pérou ?

Tout le monde sait que le vrai nom de l’Égypte est Afisr (160), épelé avec une palatale sifflante, en hébreu et en arabe. Ce nom, en hébreu, paroît avoir été le nom propre du premier qui s’établit