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SUR LES DIEUX DE LA GRÈCE,

siècle, ces sacrifices sont absolument défendus, ainsi que les sacrifices de taureaux et de chevaux. On lui offre encore des agneaux ; et pour pallier la barbarie de l’effusion du sang, qui déplaisoit tant à Bouddha, les Brahmanes font accroire que ces pauvres victimes montent dans le ciel d’Indrâ, où elles deviennent les musiciens de sa bande. Au lieu des sacrifices surannés, et maintenant illégaux, d’un homme, d’un taureau et d’un cheval, appelés Ne’ratnêdha, Gômêdha et Asouamêdha (154), on croit se rendre favorables les facultés de la nature par les cérémonies moins sanglantes de la fin de l’automne, où les fêtes de Câlî et de Lakchmî sont célébrées presque en même temps. Si l’on demande comment la déesse de la mort a pu être associée à l’aimable déesse de l’abondance, je demanderai, à mon tour, comment il s’est fait, dans le système européen, que Proserpine ait été représentée comme fille de Cérès (155). La réponse à ces deux questions se trouve peut-être dans cette proposition des naturalistes, que la destruction apparente d’une substance est sa production sous une autre forme, La musique bizarre des prêtres de Câlî, dans une de leurs fêtes (156), m’a rappelé sur-le-champ les airs scythiques des adorateurs de Diane dans le magnifique opéra d’Iphigénie en Tauride, que Gluck a donné à Paris, avec plus d’art, il est vrai, que de génie, mais avec tous les avantages que pouvoit fournir un orchestre.

Pour ne pas terminer cet assemblage des divinités de l’Europe et de l’Asie par un sujet aussi horrible que les autels d’Hécate et de Câlî, je finirai par deux observations qui, à proprement parler, appartiennent à la philosophie indienne, dont nous ne nous occupons pas en ce moment. 1.° L’élysée, non le lieu du bonheur, mais le bonheur même dont on y jouissoit, acception dans laquelle Milton se sert de ce mot, doit paroître une espèce de jouissance très-fastidieuse et très-insipide, tel qu’il est décrit par les poètes ; il est néanmoins plus sublime que l’élysée temporaire de la cour d’Indrâ, où, comme dans le paradis de Mohhammed, les plaisirs sont purement sensuels : mais le moukti [bonheur élysien] (157) de l’école