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DE L’ITALIE ET DE L’INDE.

Gôpîas de Mat’hourâ, et de Gôverdhan, le Parnasse des Hindous ; et les poëmes lyriques de Djayadêva justifient pleinement cette opinion. Mais les Nymphes de la musique sont les trente Rdguinîs, ou Passions femelles, dont les fonctions et propriétés diverses sont si richement exprimées par les peintres indiens, et si élégamment décrites par les poètes. Mais je ne veux pas anticiper sur ce qui demande un mémoire séparé (149). en m’étendant ici sur la belle allégorie des Hindous dans leur système de modes musicaux, qu’ils appellent rdgas [passions] (150), et dont ils font des génies ou des demi-dieux. Un fils très-distingué de Brâhmah, appelé Nâred (151), dont les actions forment le sujet d’un Pourâna, ressemble beaucoup à Hermès ou Mercure. Il fut un sage législateur, grand dans les arts et dans les armes, éloquent messager des dieux auprès de tel ou tel mortel favorisé, et musicien très-habile. On trouve dans le poème intitulé Mâgha, la description suivante du vînâ, ou luth indien, dont il fut l’inventeur : « Nâred étoit assis, observant de temps en temps son grand vînâ, à qui le zéphyr faisoit rendre des sons qui perçoient successivement les régions de son oreille, et procédoient par intervalles musicaux. » Le code, qu’on suppose avoir été révélé par Nâred, est maintenant cité par les Pandits : ainsi nous ne pouvons croire qu’il ait été le patron des voleurs, quoiqu’on impute bizarrement à son père Brâhmah, dans le Bhagavat, le vol innocent du bétail de Crichna, commis en vue de mettre sa divinité à l’épreuve.

La dernière des divinités de la Grèce ou de l’Italie pour lesquelles nous trouvons un parallèle dans le Panthéon de l’Inde, est la Diane stygienne ou taurique, autrement appelée Hécate (152), et que l’on confond souvent avec Proserpine. Il n’y a point de doute sur son identité avec Câlî (153), ou l’épouse de Sîva, dans son caractère de Jupiter stygien. On offroit anciennement, ainsi que l’ordonnoient les Vêdas, des sacrifices humains à cette noire déesse, qui portoit un collier de crânes d’hommes, ainsi que nous la voyons représentée dans ses principaux temples ; mais, dans ce