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DES MOTS ORIENTAUX.

Hommes à la vue perçante ; et de Renas, Aornos[1], ou Rocher inaccessible aux oiseaux. Il arrivoit de là que leurs poëtes, amis du merveilleux, embellissoient leurs productions d’images nouvelles, et employoient à caractériser des pays et des forteresses, des attributs qui n’existoient qu’en idée. Si nous avons l’imagination moins vive que les anciens, nous avons plus d’exactitude ; nous aimons davantage la vérité, et peut-être notre jugement est plus solide. Si nos ouvrages amusent moins ceux à l’égard desquels nous serons anciens à notre tour, on peut dire, sans trop s’avancer, que nous leur donnerons des renseignemens plus fidèles sur l’histoire et sur Ia géographie de l’Orient, puisqu’il est impossible de bien décrire une contrée, à moins d’en savoir la

    Persian by Gladwin, tome II, page 136 de l’édition de Calcutta, et page 235 verso du manuscrit autographe présenté au Grand-Moghol Akbar, que je possède, et dont je donne une notice plus étendue tome II, page 57. (L-s.)

  1. Ἄορνος, montagne de l’Inde occidentale, inexpugnable pour Hercule, suivant Arrien, mais dont Alexandre s’empara. D’Anville pense, avec beaucoup de probabilité, que c’est la même qu’Otter nomme Renas, et qu’il place à l’est de l’Attok. Voyez Antiquités géogr. de l’Inde, p. 18 ; Éclaircissemens sur la carte de l’Inde, page 32 ; Arriani Rerum Indicar. pag. 306 et 307 ex edit. Blancardi, 191 et 319 ex edit. Gronovii. Je ne dois pourtant pas laisser ignorer au lecteur que l’opinion de d’Anville touchant le mont Aornos, opinion qui a été adoptée avec éloge par M. Rennell dans son excellent Memoir for a map of Hindostan, p. 117 et suiv. de l’édit. de 1788, a été combattue par M. le docteur Vincent. Ce dernier observe, d’après M. Rennell, que d’Anville ayant pris le Tchelem ou Hydaspes pour le Sind ou Indus d’Alexandre, il a dû en résulter une erreur universelle dans tous ses travaux géographiques sur cette portion de l’Inde. Malgré la haute estime que j’ai pour les talens et la critique de M. Vincent, je terminerai ma note par le même vers que son estimable et fidèle traducteur a rapporté à la suite de la sienne sur le même objet :
    Non nostrum inter vos tantas componere lites.

    Voyez le Voyage de Néarque &c. traduit de l’anglois de William Vincent par Billecocq, p. 27 et 28 de l’édition in-4o. (L-s.)