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SUR LES DIEUX DE LA GRÈCE,

Indiens, la vie la plus extraordinaire et la plus incompréhensible. Il étoit fils de Dêvald et de Vasoudêva ; mais on cacha sa naissance par crainte du tyran Kansa, à qui il avoit été prédit qu’un enfant né à cette époque dans cette famille lui donneroit la mort. Il fut élevé à Mat’hourâ, par un honnête berger, surnommé Ananda [Heureux], et par son aimable femme Yasôdâ, qui, comme une autre Palès, étoit sans cesse occupée de ses pâturages et de sa laiterie. Leur famille étoit composée d’une multitude de jeunes gôpas ou vachers, et de belles gôpîs (131) ou laitières, qui furent les compagnons de son enfance ; et dans sa première jeunesse, il choisit pour ses favorites neuf jeunes filles, avec qui il passoit gaiement les heures à danser, chasser, et jouer de la flûte. Je n’ai d’autre autorité pour le nombre remarquable de ses gôpîs, qu’un tableau bizarre, où neuf filles composent un groupe ayant la forme d’un éléphant, sur lequel il est assis et joue de la flûte. Malheureusement le mot nava signifie tout ensemble neuf (nom de nombre), nouveau, et jeune ; en sorte qu’il peut s’interpréter de deux manières dans la stance suivante :

Tarañidjâpouline nava ballavi
Perisadâ saha, guélicoutoûhalât
Droutavilam witatchârouvihârinam
Herimaham hrĭdayéna sadâ vahê.

« Je porte continuellement dans mon sein ce dieu, qui, dans ses amusemens avec un cortège de neuf (ou jeunes) laitières, danse gracieusement, tantôt vite, tantôt avec lenteur, sur les sables que vient de quitter la fille du Soleil. »

Lui et les trois Râmas sont représentés comme des jeunes gens d’une beauté parfaite ; mais les princesses de l’Hindoustân, aussibien que les jeunes filles de la ferme de Nanda, étoient passionnément éprises de Crichna, qui est encore à présent le dieu favori des femmes indiennes. La secte d’Hindous qui l’adore avec une dévotion enthousiaste et à-peu-près exclusive, a rédigé une doctrine qu’elle soutient avec zèle, et qui paroît généralement répandue