Page:Recherches asiatiques, ou Mémoires de la Société établie au Bengale, tome 1.djvu/295

Cette page n’a pas encore été corrigée
169
DE L’ITALIE ET DE L’INDE.

les auspices de l’actif et bienfaisant Thomas Law, collecteur de Rhotas(18), le nom de Ganeśa est inscrit sur la porte de chaque maison nouvellement bâtie, conformément à un usage pratiqué de temps immémorial chez les Hindous ; et que, dans la vieille ville, l’image de ce dieu est placée sur les portes des temples.

Passons à Saturne(19), le plus ancien des dieux du paganisme, sur l’emploi et sur les actions duquel on nous a transmis beaucoup de détails. En le disant fis de la Terre et du Ciel, fils lui-même du Firmament et du Jour, on n’a fait qu’avouer l’ignorance où l’on étoit sur ses parens ou ses prédécesseurs ; et il y a plus de sens dans la tradition de laquelle Platon, ce philosophe avide de savoir et bien informé, passe pour avoir fait mention. Suivant cette tradition, Saturne ou le Temps, ainsi que Cybèle ou la Terre son épouse, et leurs serviteurs, étoient nés de l’Océan et de Téthys(20), ou, dans un langage poétique, sortirent des eaux du grand abîme. Cérès, déesse des moissons, paroît être leur fille ; et Virgile représente « la mère et la nourrice » universelle couronnée de tourelles, dans un char traîné par des lions, et glorieuse de ses cent petits-fils, tous dieux, tous habitans des célestes demeures. » Comme dieu du temps, ou plutôt comme le temps lui-même personnifié, les païens avoient coutume de peindre Saturne avec une faux dans une main, et dans l’autre un serpent mordant sa queue, symboles des cycles et des révolutions perpétuelles des âges. Souvent on le représentoit occupé à dévorer les années sous la forme d’enfans, et quelquefois entouré des saisons, représentées comme de jeunes garçons et de jeunes filles. Les Latins le nommoient Saturnus ; et l’étymologie la plus ingénieuse de ce moi est celle qu’en donne Festus le grammairien, qui, par une savante analogie avec d’autres noms du même genre, le fait dériver à satu(21), mot qui signifie planter, parce qu’il introduisit et perfectionna l’agriculture, lorsqu’il régna en Italie. Mais son attribut caractéristique, qui, à vrai dire, explique tous ses autres litres et ses autres fonctions, étoit exprimé allégoriquement par la poupe d’un vaisseau ou d’une galère sur le revers de ses anciennes monnoies. Ovide en donne une