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DE L’ITALIE ET DE L’INDE.

En comparant les dieux des idolâtres de l’Inde et de l’Europe, quelle qu’en ait été la source, je ne perdrai point de vue que rien n’est moins favorable à la recherche de la vérité, qu’un esprit de système ; et je me rappellerai ce que dit un auteur hindou, que lorsqu’on tient obstinément à une série d’opinions, on peut en venir au point de croire que « le bois de sandal le plus récemment coupé est une flamme de feu. » Cette précaution m’empêchera de soutenir que tel dieu de l’Inde fut le Jupiter des Grecs, tel autre leur Apollon, tel autre leur Mercure. Dans le fait, puisque toutes les causes du polythéisme ont largement contribué à l’assemblage des dieux de la Grèce (quoique Bacon les réduise tous à des allégories raffinées, et Newton à l’histoire déguisée par la poésie), nous trouvons plusieurs Jupiters, plusieurs Apollons, plusieurs Mercures, avec des facultés et des attributs distincts ; et tout ce que je veux donner à entendre, c’est qu’avec tel ou tel attribut il existe une ressemblance frappante entre les principaux objets du culte de l’ancienne Grèce et de l’intéressant pays que nous habitons.

Le parallèle que je vais mettre sous vos yeux sera nécessairement très-superficiel, soit à raison du peu de séjour que j’ai fait dans l’Hindoustân(8), soit parce que j’ai rarement le loisir de me livrer tout entier aux amusemens littéraires, mais sur-tout parce que je n’ai d’autre livre européen, pour me rappeler les anciennes fables, que le Panthéon de Pomey(9), ouvrage rempli d’affectation, quoiqu’il ne soit pas dépourvu de savoir ; et je n’en ai même qu’une traduction si pitoyable, qu’il est difficile de la lire sans impatience. Je suis persuadé qu’on saisiroit mille autres traits de ressemblance, en parcourant, dans cette intention, Hésiode, Hygin, Cornutus, et les autres mythologues, ou, ce qui serait un moyen plus court et plus agréable, en se bornant à lire les élégans Syntagmata de Lilio Giraldi(10).

Des recherches sur les mœurs et la conduite de notre espèce dans les temps recules, ou même à toutes les époques, sont toujours, pour le moins, curieuses et amusantes ; mais elles ont le plus grand intérêt pour ceux qui peuvent dire, avec le Chrémès de Térence : « Je