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SUR LES DIEUX DE LA GRÈCE,

emblèmes persans de Mihr(4) ou du Soleil, l’extension prodigieuse du culte des élémens et des forces de la nature, et peut-être toute la chronologie artificielle des Chinois et des Indiens, avec l’invention des demi-dieux et des héros, pour remplir les lacunes de leurs périodes extravagantes et imaginaires. 3.0 La magie poétique a seule créé des divinités poétiques, sa principale affaire étant de personnifier les notions les plus abstraites, et de placer une nymphe ou un génie dans chaque bosquet, et presque dans chaque fleur. De là vient qu’Hygie et Jason, la santé et le remède, sont les poétiques enfans d’EscuIape, qui fut lui-même ou un médecin distingué ou la science médicale personnifiée : de là vient aussi que Chloris, ou la verdure, est mariée au Zéphyr. 4.° Les métaphores et les allégories des moralistes et des métaphysiciens ont aussi été très-fécondes en divinités. On pourroit en offrir mille exemples tirés de Platon, de Cicéron, et de la foule inventive des commentateurs d’Homère, dans leurs théogonies et dans leurs fabuleuses leçons de morale. La plus riche et la plus noble veine de cette source abondante est le charmant conte philosophique de Psyché, ou l’histoire de l’ame. Jamais, à mon sens, la sagesse ou le génie de l’homme n’a produit une allégorie plus belle, plus sublime, et soutenue avec plus d’art. De là vient aussi que la Maya indienne(5), ou, pour nous servir de l’explication que de savans Hindous donnent de ce mot, « la première disposition de la Divinité à se diversifier (c’est leur expression) en créant des mondes », est supposée la mère de la nature universelle et de tous les dieux inférieurs, ainsi que me l’apprit un Kachmyryen, à qui je demandois pourquoi Cdma [l’Amour ] étoit représenté comme son fils. Mais le mot maya(6) [illusion] a un sens plus subtil et plus caché dans la philosophie Vêdânta(7), où il signifie le système des perceptions, des qualités, soit primitives, soit secondaires, que, dans la croyance d’Épicharme, de Platon, et de plusieurs personnages véritablement pieux, la Divinité fait naître, par son esprit universel, dans les âmes de ses créatures, mais à qui ils n’attribuoient point une existence indépendante de l’ame.