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DE L’ITALIE ET DE L’INDE.

avec ceux de la Grèce et de l’Italie, mais étoit presque le même sous un autre costume, avec une broderie d’images visiblement asiatiques. Si j’établis ces propositions d’une manière satisfaisante, il nous sera permis d’en conclure une union ou affinité générale entre les habitans les plus distingués du monde primitif, à l’époque trop reculée où ils s’écartèrent de l’adoration raisonnable du seul vrai Dieu.

Il paroît que les sources de toutes les mythologies sont au nombre de quatre, 1.° La vérité historique ou naturelle a été convertie en fable par l’ignorance, l’imagination, la flatterie ou la stupidité. C’est ainsi qu’on imagina qu’un roi de Crète, dont on avoit découvert le tombeau dans cette île, étoit le dieu de l’olympe ; et que Minos, législateur de ce pays, étoit son fils, et rendoit la justice aux âmes des morts. De là naquit également, selon toute apparence, le conte de Cadmus, ainsi que Bochart le prouve savamment(2) ; de là vint que les fanaux ou les volcans furent des géans n’ayant qu’un œil, et des monstres vomissant des flammes, et que l’aspect de deux rochers, dans certaines positions, fit supposer aux navigateurs qu’ils mettoient en pièces tous les navires qui tâchoient de passer dans leur intervalle. L’Odyssée, et les poèmes qui célèbrent l’expédition des Argonautes, pourroient fournir quantité d’autres exemples de ces fictions extravagantes. Moins nous nous étendrons sur les étoiles Juliennes, sur les apothéoses de princes ou de guerriers, sur les autels érigés au plus vil des hommes à côté de ceux d’Apollon, et sur les titres divins décernés à des misérables tels que Caïus Octavianus, moins nous exposerons au grand jour l’infamie dont se couvrirent de graves sénateurs et des poètes élégans, ou le sot délire de la multitude : mais il est certain que l’absurde apothéose de quelques hommes vraiment grands, ou de petits hommes faussement appelés grands, a produit des erreurs grossières dans toutes les parties du monde idolâtre. 2.° Leur seconde source paroît avoir été une admiration excessive des corps célestes, et, au bout d’un certain temps, les systèmes et les calculs des astronomes. De là vint une portion considérable de la mythologie égyptienne et grecque ; le sabéisme(3) en Arabie, les types ou