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rapport

accompagné le Dalaï Lama. On admit séparément le régent de Tichou-Loumbou, et tous ceux qui tenoient à ce gouvernement, suivant l’ordre de leur prééminence, pour offrir leur tribut d’obéissance et de respect. Après avoir reçu les hommages de tous ceux qui avoient droit de les lui présenter, le Tichou Lama leur en témoigna sa satisfaction dans le même ordre. Le tout dura près de quarante jours.

On fit beaucoup d’instances au Dalaï Lama pour l’engager à prolonger son séjour à Tichou-Loumbou : mais il s’excusa en disant qu’il ne vouloit pas surcharger plus long-temps la capitale de l’affluence qui accompagnoit ces déplacemens ; et jugeant qu’il importoit de s’absenter le moins possible du siège de son autorité, il retourna, au bout de quarante jours, à Lhassa, avec toute sa suite. L’ambassadeur de l’empereur reçut en même temps son congé pour retourner à la Chine. Ainsi se termina cette grande fête.

Quant aux relations commerciales nouvellement établies, Pourounguyr m’apprend qu’il n’étoit pas le premier qui fût arrivé du Bengale à Tichou-Loumbou, quoiqu’il s’y fût pris d’aussi bonne heure ; plusieurs négocians y avoient déjà apporté leurs marchandises, et d’autres les suivirent avant son départ de cette ville. Il n’entendit parler ni d’obstacles ni de dommages, et il en conclut que tous les voyageurs trouvoient les mêmes facilités et les mêmes secours dont il avoit personnellement à se louer. Les marchés étoient bien fournis d’articles de l’Angleterre et de l’Inde : ces articles toutefois n’étoient pas en assez grande quantité pour faire baisser les prix au-dessous de ceux des deux ou trois années précédentes. La valeur de l’argent en lingots étoit un peu inférieure à celle qu’il avoit en 1783. On pouvoit se procurer d’une qualité plus pure, moyennant 19 et 20 indermillis[1], le poutri, ou bourse de poudre d’or, qui se vendoit, en 1783, 21 indermillis. Le talent d’argent, qui coûtoit alors 500 indermillis, n’étoit plus

  1. L’indermilli est une monnoie du Népal, la seule qui soit en circulation au Tibet, où les préjugés locaux empêchent qu’on batte monnoie : elle vaut un tiers de roupie, ou environ quatre-vingt-trois de nos centimes. Voyez Turner’s Embassy, p. 370 ; et t. II, p. 176, de la traduction française. (L-s.)