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sur un voyage au tibet.

milieu d’un appareil éblouissant de drapeaux, des acclamations de la multitude, d’une musique solennelle et du chant des prêtres. Dès que le Lama fut logé dans le palais, le régent et Soupoun Tchoumbou, par une déférence d’usage envers les personnes d’un haut rang, allèrent à la rencontre du Dalaï Lama et du vice-roi de Lhassa, qui venoient à Tichou-Loumbou. Leurs cortéges se rencontrèrent le lendemain matin au pied du fort de Painom, et le jour suivant ils entrèrent ensemble dans le monastère de Tichou-Loumbou, où le Dalaï Lama et le vice-roi furent hébergés pendant toute la durée de leur séjour.

Le matin du troisième jour après l’arrivée du Tichou Lama, on le porta au grand temple, et vers midi on le fit asseoir sur le trône de ses prédécesseurs. L’ambassadeur chinois déroula pour lors son diplôme, et mit aux pieds du Lama les présens dont il étoit chargé. Les trois jours suivans, le Dalaï Lama se rendit dans le temple, auprès du Tichou Lama, et l’un et l’autre furent secondés par tous les prêtres dans l’invocation et le culte public de leurs dieux. Il paroît que ces rites complétoient la cérémonie de l’inauguration. Pendant cet intervalle, toutes les personnes qui étoient dans la ville furent nourries aux frais du public, et l’on distribua d’immenses aumônes. D’après un avis répandu par-tout, des réjouissances universelles eurent lieu en même temps dans toute l’étendue du Tibet ; des bannières étoient arborées sur toutes les forteresses ; les habitans de la campagne passoient le jour à chanter et à se réjouir, et les nuits étoient célébrées par des illuminations générales. On employa ensuite un temps considérable à faire des présens et à donner des fêtes publiques au nouveau Lama, qui, à l’époque de son installation ou de son élévation au pontificat de Tichou-Loumbou, n’étoit pas âgé de trois ans. La cérémonie fut ouverte par le Dalaï Lama, dont les offrandes passent pour avoir été d’une plus grande valeur, et les fêtes plus splendides que celles de tout le reste. Le second jour fut consacré au vice-roi de Lhassa ; le troisième, au général chinois. Vinrent ensuite les colloungs ou magistrats de Lhassa, et les autres personnes distinguées qui avoient