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AVEC LE TICHOU LAMA.

du Tichou Lama. Il habite un palais, au centre du monastère, qui occupe à-peu-près un mille de circonférence, et qui est entouré de murs. Les divers bâtimens servent à loger trois cents guylongs, destinés à remplir les fonctions religieuses avec le Tichou Lama, jusqu’à ce qu’il soit transféré au monastère et sur le mesned[1] de Tichou-Loumbou. Il n’est point d’usage en ce pays, non plus que dans le Boutan, de faire des visites le jour qu’on arrive : nous passâmes l’après-midi à nous reposer, nous bornant à recevoir et à envoyer des messages de félicitation.

Dans la matinée du 4, j’eus la permission de faire une visite au Tichou Lama. Je le trouvai placé, en grand appareil, sur son mesned, ayant à sa gauche son père et sa mère, et à droite l’officier particulièrement chargé de son service personnel. Le mesned est formé de coussins de soie empilés les uns sur les autres à la hauteur de quatre pieds au-dessus du sol ; il étoit couvert d’une étoffe de soie brodée, et les côtés choient ornés de pièces de soie de diverses couleurs, qui descendoient jusqu’en bas. Sur la demande expresse du père du Tichou Lama, M. Saunders et moi nous étions vêtus à l’anglaise.

Je m’avançai, et, conformément à l’usage, je présentai un mouchoir blanc nommé pelong[2] ; je remis aussi au Lama le présent du Gouverneur général, composé d’un collier de perles et de corail :

  1. مسند tapis ou coussin sur lequel les Hindous s’asseyent ordinairement dans leurs maisons. Ce mot désigne particulièrement le siége ou le trône d’un souverain. Voyez Rousseau’s Dictionary of Mohammedan law, Bengal revenue, terms Shanscrit, Hindoo, and others words used in the East Indies. (L-s.)
  2. C’est une écharpe de soie blanche, fabriquée en Chine. Il y a des écharpes blanches et des écharpes rouges : les premières se présentent aux supérieurs, les autres se donnent aux personnes d’une moindre considération. Jamais deux personnes ne s’écrivent ou ne se parlent, pour quelque objet que ce soit, sans s’offrir mutuellement une écharpe. Les écharpes blanches indiquent le respect que l’on a pour quelqu’un. La finesse et l’éclat de la blancheur servent à déterminer la considération que l’on veut témoigner à la personne. Deux personnes égales pour le rang changent d’écharpe quand elles se rencontrent : on passe le pelong autour du cou, et on laisse pendre les deux bouts à-peu-près comme ceux de l’étole des prêtres catholiques. (L-s.)