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RELATION D’UNE ENTREVUE AVEC LE TICHOU LAMA.

VI.
À l’honorable Sir W. Jones, Président de la Société asiatique.
Monsieur,

Conformément aux ordres du Gouverneur général et du Conseil, j’ai l’honneur de vous transmettre, pour la Société asiatique, l’extrait ci-joint d’une lettre adressée, le 2 de ce mois, au Gouverneur général, par le lieutenant Samuel Turner, envoyé en ambassade au Tibet ; et copie d’un mémoire[1], où M. Turner décrit son entrevue avec le Tichou Lama, au monastère de Terpaling.

J’ai l’honneur d’être, &c.
E. Hay, secrétaire.
Chambre du Conseil, département politique,
13 avril 1784.
  1. Cette lettre et ce mémoire ont déjà été traduits, et ils font partie d’un petit recueil in-16 sur le Tibet, publié, en l’an 4, par les C.ens Billecocq et Parraud, d’après les matériaux que je leur ai procurés. Ce petit volume renferme la relation de deux voyages du P. d’Andrada, Jésuite, au Tibet, et tout ce qu’on a pu recueillir de l’ambassade de M. Bogle, qui précéda M. Turner au Tibet ; et voici à quelle occasion. Le radjah du Boutan, qui relève immédiatement de la cour du Tibet, ayant eu quelques différens avec un prince du Béhâr, fit une invasion dans cette province, et fut vivement repoussé par le prince indien, qui avoit eu la précaution d’appeler les Anglois à son secours. Ceux-ci, profitant de leurs avantages, entrèrent dans le Boutan, où ils firent beaucoup de butin. Leurs progrès causèrent les plus vives inquiétudes au Tichou Lama, qui gouvernoit les états du Dalaï Lama, encore en très-bas âge. Ce régent s’empressa d’envoyer un ambassadeur à Calcutta, pour calmer le courroux des Anglois, et les engager à retirer leurs troupes du Boutan. Le conseil suprême lui accorda l’objet de sa demande, et résolut, d’après l’avis de M. Hastings, d’envoyer un ambassadeur au Tichou Lama, pour établir quelques liaisons politiques et commerciales avec le Tibet. M. Bogle, employé de la Compagnie, très-propre, par son habileté et par son caractère, pour une mission hasardeuse, fut chargé de cette ambassade. Il partit de Calcutta en 1774, entra dans le Tibet par le Boutan, et fut bien accueilli par-tout. Il fit plusieurs voyages dans l’intérieur du pays,