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INTRODUCTION.

Si ce premier recueil, publié par la Société Asiatique, ne répondoit pas à l’attente, peut-être prématurée, des savans de l’Europe, ils voudront bien avoir égard aux circonstances défavorables qui ont dû naturellement accompagner son institution et retarder ses travaux. Un homme de lettres, purement homme de lettres, retiré du monde, et consacrant tout son temps aux recherches philosophiques ou littéraires, est un phénomène absolument inconnu parmi les Européens qui résident dans l’Inde. Là, chacun est employé à des fonctions civiles ou militaires, et constamment occupé dans les détails du gouvernement, dans l’administration de la justice, dans quelque branche de finance ou de commerce, ou dans quelque profession libérale. Ainsi, ceux même qui sont le plus accoutumés au travail intellectuel, ne peuvent disposer, le jour ou la nuit, que d’un très-petit nombre d’heures pour des études qui n’ont pas une relation directe avec les affaires. D’ailleurs, sans rappeler cette observation d’un illustre Romain, « qu’on ne sauroit nommer libre celui qui n’a pas quelquefois le privilége de ne rien faire », il est impossible de se maintenir en bonne santé dans le Bengale, à moins de prendre régulièrement de l’exercice, et de donner à propos du relâche à la pensée.