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cernans noſtre vaiſſeau faiſoient gambades parmy les flots & les vagues, & Panurge touſiours à ioüer & chanter comme deſſus. Tandis on me deçoit, Polypheme me pouſſe par derriere en la mer ; voila le pauure Panurge fricaſſé : faisant bouillõner les ondes beuuant touſiours d’autant. Toutesfois ie iouois touſiours de mes cymbales, ayant perdu ma canterelle, quand voila vn amoureux Dauphin, celuy meſme ( ſi ie ne me trompe) qui auoit sauvé autresfois Ariõ qui me charge ſur ſon eſchine nouãt en plaine mer. Ie fus poſſible dix ans à cheual sur le dos de ce Dauphin ſans prendre terre ioüant touſiours des cymbales. Le vnzieſme ie commençay à deſcouurir Polux & Castor, Heleine eſtant abſente. Ses feux me donnarent preſage que les tempeſtes ceſſeroyent bien toſt, ce qui fut vray ; car toſt apres ie vis le ciel ſerain, la mer demeura calme, à cauſe des Alcions qui pour lors couuoyẽt leurs œufs. I’aperçeu de loin la terre, & y euſſe deſia voula eſtre ; quand mon cheual habile nageur m’y ietta. Et de bonne fortune me treuſuay-je en l’Iſle Imaginaire où tendoit de tout temps mon voyage, ayant ſauué quand & moy, Dieu mercy, ma besace, mon bourdon & ma

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