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comme vn veau : Ie prie que s’il ſe ſauue qu’il apporte de mes nouuelles à Salmigõdin & Dipſoin. Et qu’il face entendre ces tristes nouuelles à quelqu’vn de mes camarades croyãt que pour l’amour de moy, il feroit sonner toutes les cloches de Paris. Ces adieux acheués, il me print enuie de faire la mort d’vn Cygne, affin qu’on dit que Panurge auoit eu autant de courage en la mort qu’en la vie. Parquoy ie ſors de ma gibeſſiere mes cymbales, & me mettant ſur le bord du Nauire, commençay à iouër & chanter melodieuſement,

Et le filon, tire lire lire,
Et le filon tire lire bon.

Et puis.

Neptune, grand Dieu de la mer,
Vous qui commandez ſes riuages,
Faites vn peu ſes vents calmer,
Et me gardez de ſes naufrages,
Si i’arriue à Sainct Borondon,
Ie vous donneray mon bourdon.

Et apres encores plus ioyeuſement.

Pauures huguenots que le cœur vous tremble
Quand l’Aigle & le Lys ſe ſont ioints enſemble,
Guerindon, guerindon, guerindaine, guerindon.

Soudain voila vne troupe de Dauphins qui arriuent charmés de ceſte melodie, &