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apres nous arriuames en Phrygie, au port de Sigee, duquel partit autresfois Paris pour aller en Grece rauir Helene. Et là ayant fait aſſemblee des meilleurs Pilotes ; tous ſages & vieillards, ie leur demanday qui d’eux voudroit entreprendre de me conduire aux Iſles Canaries. Soudain ſe preſenterent à moy Glauque, fils de l’autre Glauque, iadis changé en poiſſon, & Polypheme nepueu du Dieu Neptune, deux forts ſages pilotes, & me dirent qu’il n’y auoit qu’eux deux en ces parties capables d’entreprẽdre ce voyage, & me promirent qu’à la bonne heure ils me rendroyent ſain & ſauue aux Canaries. Parquoy me demãdaiẽt comme ſçauans, en quelle des ſept ie voulois prendre terre, & leur ayant dit que c’eſtoit à S. Borondõ, ou Imaginaire, m’aſſeurerent de m’y rendre. Fut queſtion de partir, le vent eſtant fauorable : prouiſion faite pour dix ans, de toutes choses neceſſaires à la pauure nature humaine. On cõmence tout premierement de faire ſacrifice au grand Dieu Neptune, d’vne hecatõbe de forts taureaux, & demy hecatõbe de jeunes geniſſes, pour l’amour d’Amphytrite. Apres cela vous n’euſſiez ouy le

ciel tõner à force de canonades, tambours,

trom