Page:Reboul - Le nouveau Panurge, 1614.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le bon Dieu, garde de mal Panurge, & du mauuais preſage des puces. Hegemõ. Ie ſuis celuy qui guidois Iupiter par la mer Pontique, le tenant par vne de ſes cornes, lors que metamorphoſé en taureau, il emportoit la troiſieſme partie da monde, à ſçauoir Europe. Plus ie le guiday dans le bois qu'il y culbuta la fille d’Inache, & en pluſieurs autres lieux, où ie l’ay fait barelicoquer ſon beau plein ſaoul, auec Deeſſes, Demi deeſſes, Nymphes, Driades, Oreades, Hamadriades, & Nanoydes. Et iamais ſans moy il n’auroit de ſon calibis, calibiſtonné Alcmene, d’où ſortit ce muſarno d’Hercule. Panurge. S. Gobelin, tu ne me parles que des culbutades de ce paillard, tu me romps ma deuotion ; fi au diable, ie croi que tu es heretique. Si tu me preſchois guieres tu me ferois damner à plus de cinq charretées des petits diablotins. Fi, fi ; du coton, çà que ie bouche mes oreilles. Hegemon. ha ! pauuret tu me fais pitié, & où voudrois tu aller ainſi, vnicus, ſingularis ? Panurge, per quam regulam, ne vois-tu pas ma gibeſſiere garnie de carrolus, & ce baculum ſenectutis, pour la deffendre. Hegem mais encore, permetez que i'aille auecques vous, où

que diable ſoit. Panurge. Ie le veux, à cõdi-

tion