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reuſe de ma vie ! moment le plus fortuné que i’aye rencontré deſſus ny deſſous la terre. Eſt il poſſible que ſoyez icy, mes petits couſins ? eſt il vray que ie vous voye ? eſt cecy vn ſonge ? ſuis ie point encores là-bas parmi les ombres ? ça que ie vous embraſſe, Taumaſte mon amy, ça l’accolade à la Françoiſe, il y a ſi long temps que ie ne l’ay veu faire. Epiſtemon, mon camarade, baiſez moy, accolez moy, ça bras deſſus, bras deſſous ; ie ſuis voſtre Panurge qui viens de l’autre mondez ; ne ſoyez point incredules ; regardez bien, c’eſt moy meſme Panurge. Sus dites moy qui vous ameyne icy, que faites vous icy, parlez moy ; doutés vous encore, eſtes vous eſtaſiez ; auez vous perdu la parole ; voſtre eſprit s’en ſeroit-il volé par la feneſtre d’admiration ? n’appelez le ; & me croyez ; ie ſuis Panurge, voſtre bon amy Panurge, voſtre camarade Panurge. Ie voy bien vous meſcognoiſſez ma barbe qui à preſent n’a que le petit poil foller, & depuis ne l’auiez veuë eſtoit toute touffue, & couuerte de neige. C’eſt tout vn ie ſuis touſiours le meſme Panurge ; mais nouueau Panurge, renouuellé Panurge ; Panurge r’ajeuni ; non point comme Medee rajeunit Æſon ſon pere ; ny par le

feu