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ſe, ou qu’on ne me liſe pas : chacun a ſon liberal arbitre, ſi la pretendue predeſtination ne luy deſrobe. Mon printemps ne vous monſtrera que des fleurs de cajolerie & raillerie ; mon eſté, l’ardeur de l’affection que i’ay porté à la cognoiſſance des choses : mon Automne, vn meſlange de fruits pelle meſle enſerrez au grenier de ma petite ceruelle : & mon hyuer, tout plein de rodomontades & ſaillies de mon humeur. Cueillez des fleurs de mon printemps ; & gouſtés des fruicts de mon Automne, & ſi par aduanture vous rencontrés quelque fleur de mauuaiſe odeur, ou quelque fruict aigre & de pauure gouſt, continués ſeulement, vous trouuerez par après des fleurs plus odoriferantes, & des fruicts plus ſouëfuement doux. À ceux que mon hiſtoire degouſtera, la verité leur fera du tout perdre l’appetit, & ceux

qui