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Panurge au zoile


SI l’on voit quelqu’un qui m’ennuie
Parce que ie suis rajeuni,
Ne ſçait on pas que pour la vie
On n’eſpargne rien auiourd’huy ?
Qui vainc la mort auec la peine
Sa recompenſe eſt ſoueraines
Et qui peut viure, & veut mourir
Ne merite vn ſeul ſouuenir.
Si les orages, les tempeſtes,
Les abiſmes, & tant de morts,
Ont leué leurs mains comme preſtes
De m’engloutir ſous leurs efforts,
L’hazard, le deſtin, la fortune,
Sont les compagnons de la Lune,
Touſiours ne dure vn mauuais temps,
Apres l’hyuer vient le Printemps.
Si ie vors porte des nouuelles
Du grand plutonique manoir,
Ne me dreſſez point des querelles
Croyez m’en, ou bien l’allez voir.
Qui vient de loin, & dit menſonge
Au deshonnenr ſon ame plonge,
Mais mon eſprit n’eſt agité
Sinon qu’à dire verité.
Si dans l’obſcur de mes Enigmes

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