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LE DERNIER JOUR.

Aux bornes du néant vous auraient emportés !
La Voix qui vous appelle est celle qui pénètre
Au fond de ce qui fut et de ce, qui doit être ;
Et le maître du rien aussi bien que du tout
Est celui qui vous dit de vous lever debout. »

Et la terre et les mers entr’ouvrant leurs entrailles
Mirent à découvert leurs vieilles funérailles ;
Et la chair et l’esprit ranimèrent ces os :
Quand, troublant des marais le lugubre repos,
A rhaleine du sud le roseau se remue.
Des flots de moucherons obscurcissent la nue ;
Leurs myriades vont où les pousse le vent ;
Ainsi le genre humain, redevenu vivant,
Par le souffle divin voit emporter ses races.
Pendant qu’elles flottaient d’espaces en espaces,
Devant elles soudain les cieux se sont ouverts ;
Leur nuage resta suspendu dans les airs.
Et, debout, sur le seuil du céleste royaume.
Je vis l’Emmanuel, le Christ, le Fils de l’homme,
Non pas tel qu’il était sous les voiles mortels,
Jetant les fondements de ses premiers autels.
Alors que sur les bords du lac de Galilée
Toute douleur par lui se trouvait consolée ;
Non pas tel qu’on le vit, dans un triste abandon,
Pour tous ses ennemis implorant le pardon ;
Mais terrible, et le front dardant une lumière
Où l’ire du Très-Haut éclatait tout entière.