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MATHÉMATIQUES ET MATHÉMATICIENS

force. Mais celui-là se tromperait qui voudrait abréger le temps en n’usant que d’une petite force, et montrerait qu’il n’entend pas la nature des machines ni la raison de leurs effets…

Il faut conclure de tout ce discours que l’on ne peut rien gagner en force qu’on ne le perde en temps, et conséquemment que ceux qui travaillent à suppléer la force et le temps tout ensemble, ne méritent nullement d’avoir du temps, puisqu’ils l’emploient si mal.

Galilée.

On pousse un corps avec la main, et l’on voit qu’il se meut dans une direction définie. À première vue, il semble qu’il n’y ait pas moyen de douter de la réalité de son mouvement ni de la direction qu’il suit. Cependant il est facile de montrer que non seulement nous pouvons avoir tort, mais que d’ordinaire nous avons tort de porter l’un ou l’autre de ces deux jugements. Voici par exemple un vaisseau que, pour plus de simplicité, nous supposerons mouillé à l’équateur, l’avant tourné vers l’ouest. Quand le capitaine va de l’avant à l’arrière, dans quelle direction se meut-il ? Vers l’est, répondra-t-on évidemment, et pour le moment cette réponse peut passer. Mais on lève l’ancre et le vaisseau vogue vers l’ouest avec une vitesse égale à celle du capitaine qui marche vers l’est. Dans quelle direction se meut à présent le capitaine, quand il va de l’avant à l’arrière de son navire ? Nous ne pouvons plus dire : l’est, comme tout à l’heure, puisque tandis qu’il va vers l’est, le vaisseau l’emporte vers l’ouest ; et réci-