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LIGNES DE L’ÉQUERRE

Un jour, Delezenne, professeur à Lille, montrant une équerre à ses élèves, leur demanda combien de lignes elle offrait. Les réponses se croisèrent : trois, six, neuf. Faidherbe, le futur général, trouva qu’en ajoutant aux neuf lignes de l’équerre, considérée comme un volume, les deux circonférences du trou, on obtenait onze lignes. C’était la réponse que le professeur attendait et il augura bien de l’avenir scientifique du jeune Faidherbe.

IRRATIONNEL

Je ne connais rien de plus insupportable en mathématiques que les nombres irrationnels ; leur introduction en arithmétique est un véritable scandale : dans ce domaine si élémentaire, à côté de cette notion du nombre entier qui est la plus claire du monde, à côté de ces propositions si précises, de ces démonstrations si nettes que les plus grands mathématiciens ont pris à cœur d’accroître et de simplifier, et qui ont toute la beauté, toute la perfection de celles que les Grecs nous ont léguées, voici venir tout le cortège du transcendant et de l’infini. C’est là, non ailleurs, que sont condensées toutes les difficultés des idées de limite, de convergence, de continuité. Que faire pourtant si l’on veut seulement écrire  ? Nous n’y pouvons rien, et c’est en vain qu’on se révoltera : cette idée de l’infini est dans la nécessité des choses ; on la réduira si l’on veut à ses termes les plus simples, à dire qu’après un