Page:Rebière - Mathématiques et mathématiciens.djvu/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
VARIÉTÉS ET ANECDOTES

DISTRACTIONS

Distrait comme un mathématicien, est un dicton justifié. Le grand Newton a donné le mauvais exemple : un jour, ne voulant pas interrompre son travail, il se préparait un œuf à la coque, lorsqu’au bout d’un moment, il s’aperçut qu’il tenait l’œuf à la main et qu’il avait fait cuire sa montre à secondes, bijou du plus grand prix, à cause de sa précision.

Le même Newton avait habitué ses chats à s’installer sans façon dans son cabinet de travail, mais la longueur des calculs du savant lassait souvent leur patience proverbiale. Les vieux matous allaient se mettre en expectative près de la porte ; les plus jeunes, plus impatients, miaulaient impérieusement pour qu’on leur ouvrît. Continuellement interrompu, le savant se décida à faire une chattière juste assez grande pour laisser passer les petits félins qui étaient les plus turbulents de la troupe. Mais les gros, qui voyaient les petits aller et venir à leur guise, se livrèrent à un tel sabbat que Newton prit enfin le parti de faire pratiquer une grande chattière à côté de la petite.

Ampère, surnommé le distrait, remarqua, une fois qu’il se rendait à son cours, un petit caillou sur son chemin, et comme il n’était pas un savant exclusif, il le ramassa et l’examina. Tout à coup, le cours qu’il doit faire revient à son esprit, il tire sa montre, s’apercevant que l’heure approche, il double précipitamment le pas, remet le caillou dans sa poche et lance sa montre par-dessus le parapet du pont des Arts.

Ampère ne manquait jamais, lorsqu’il avait terminé