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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


dait froidement les palpitations flamboyantes de l’orage, les déchirures de feu du ciel, les incendies subits qui éclairent l’horizon et s’éteignent dans un tremblement.

— Mes sœurs, continuait Samuel Goring, écoutez la voix de Dieu !

— Tartuffe ! m’écriai-je en haussant les épaules.

Je me souvenais des paroles du docteur et la colère, dont j’étais pleine, s’étendait à tous. Cependant Zinga passait au dehors, et malgré la pluie qui s’était mise à tomber par torrents, je courus à elle, je l’arrêtai ; puis, sans me soucier du désespoir qu’elle montrait en voyant l’eau gâter toute sa fraîche toilette, sans m’occuper moi-même de l’inondation qui me suffoquait :

— Zinga, dis-je, parle-moi franchement : pourquoi cet homme était-il dans la chambre d’Antoinette ?

Pou Figeroux pa wé mo ! (Pour que Figeroux ne me vît pas ! a-t-elle répondu simplement. La chambre d’Antoinette se trouve en effet à l’aile droite de la maison, tandis que celle du mulâtre est tout à fait à gauche.

— Alors cet homme venait pour toi ?

Wi ! pou mo ! (Oui, pour moi !)

— C’est bien vrai ? Jure-le sur ton talisman.

Mais sans s’occuper de ma demande :

Maîtress, moy ye tou di lo ! (Maîtresse, je t’ai tout dit !)

Elle se secoua comme une perruche trempée sous